Sur cette photo d’archive, le tueur en série français Charles Sobhraj est escorté par la police népalaise jusqu’à un véhicule après une audience. A Bhaktapur, au Népal, le 12 juin 2014. Sur cette photo d’archive, le tueur en série français Charles Sobhraj est escorté par la police népalaise jusqu’à un véhicule après une audience. A Bhaktapur, au Népal, le 12 juin 2014.

« Le Serpent » pourrait faire son retour en France d’ici à quinze jours, après dix-neuf années passées derrière les barreaux d’une prison de Katmandou, au Népal. Charles Sobhraj, 78 ans, un des plus redoutables tueurs en série du XXe siècle, devait être libéré, jeudi 22 décembre, sur décision de la Cour suprême du Népal, en raison de son âge et de son état de santé. Ce citoyen français bien encombrant au passé macabre, popularisé dans une série de la BBC, diffusée par Netflix et incarné par l’acteur Tahar Rahim, avait quasiment purgé sa dernière peine, vingt ans, pour le meurtre de deux touristes américains et canadiens.

Mais son passé criminel est beaucoup plus lourd. Il est soupçonné d’avoir tué une douzaine de jeunes voyageurs occidentaux, peut-être plus, dans les années 1970 et 1980 en Thaïlande, en Inde, au Népal. Son surnom, « le Serpent », témoigne de sa capacité à échapper à la justice, mais surtout de sa séduction venimeuse. Intelligent, élégant, manipulateur, parlant plusieurs langues, il charmait ses victimes, des routards en quête de spiritualité, puis les empoisonnait, pour leur dérober argent et passeport, dont il se servait ensuite pour changer d’identité et échapper aux poursuites.

Né en 1944 à Saïgon, en Indochine, d’une mère vietnamienne et d’un père indien, il a acquis la nationalité française après le remariage de sa mère avec un officier français. Arrivé en France à l’adolescence, il devient rapidement un petit délinquant, connaît ses premières nuits en cellule, se marie à une Française, Chantal. Il s’envole avec elle vers l’Inde en 1970 et s’installe à Bombay, où naît leur fille, Madhu. Il vit du fruit de petites escroqueries, puis il commence à sillonner les routes hippies, détrousse les voyageurs après leur avoir donné des somnifères, cambriole une bijouterie à New Delhi. Sa femme finit par le quitter.

« Bikini Killer »

En 1975, il débarque à Bangkok avec une Canadienne rencontrée quelques mois plus tôt en Inde, Marie-Andrée Leclerc, sa nouvelle compagne et complice. Sobhraj se fait appeler Alain Gautier et se dit négociant en pierres précieuses. Il commet ses premiers meurtres. Six jeunes femmes, toutes vêtues de bikini, seront retrouvées sur une plage de Pattaya. La presse affuble le mystérieux tueur du surnom de « Bikini Killer ».

Plusieurs fois, il échappe aux policiers, mais, en juillet 1976, après avoir tenté d’intoxiquer un groupe de touristes français à New Delhi, où il est retourné, il est arrêté et emprisonné dans la capitale indienne. La justice le condamne à douze ans de prison, non pas pour sa tentative de meurtre, mais pour sa tentative de cambriolage des bijoux. Alors qu’il s’approche de la date de sortie, Charles Sobhraj s’évade de la prison de Tihar dans la capitale indienne, déguisé en gardien. Il est appréhendé à Goa, et condamné à dix ans d’emprisonnement supplémentaires. La manœuvre lui a permis de ne pas être extradé en Thaïlande où il risquait la peine de mort. De sa prison, le prisonnier continue de manipuler son monde, accorde des interviews, se lie avec des journalistes, construit sa légende.

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lien source : Après dix-neuf ans dans les geôles de Katmandou, au Népal, « le Serpent » va être libéré