L’événement était annoncé depuis des semaines, voire des mois ou des années. Il n’en fut pas moins choquant et douloureux. Le dimanche 8 janvier 2023 restera à n’en pas douter comme l’un des jours les plus sombres de l’histoire du Brésil. Celui où les principales institutions démocratiques du pays ont été prises d’assaut, envahies et vandalisées par des foules de manifestants d’extrême droite. Un traumatisme, et un défi sans précédent pour la jeune république.

Tout l’après-midi, les partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro s’en sont pris aux édifices de la place des Trois-Pouvoirs : des œuvres de l’architecte Oscar Niemeyer, symbole de la démocratie et du génie moderniste brésilien. Le Congrès, et ses coupoles de béton, le cube de verre du Tribunal suprême fédéral (STF) et le parallélépipède de marbre du Planalto, lieu de travail du chef de l’Etat, orné d’une longue rampe opaline.

Cette rampe, justement. Les manifestants bolsonaristes l’ont foulée dimanche par centaines. Il y a à peine une semaine, le 1er janvier, c’était pourtant un Lula triomphant qui la remontait. Face à des dizaines de milliers de supporteurs, le nouveau président de gauche, radieux, vivait son sacre républicain. La page des quatre années au pouvoir de Jair Bolsonaro paraissait bel et bien tournée.

Des partisans de Jair Bolsonaro, à Brasilia, au Brésil, le 8 janvier 2023. Des partisans de Jair Bolsonaro, à Brasilia, au Brésil, le 8 janvier 2023.
Des partisans de Jair Bolsonaro, à Brasilia, au Brésil, le 8 janvier 2023. Des partisans de Jair Bolsonaro, à Brasilia, au Brésil, le 8 janvier 2023.

Les jours suivants, ses ministres ont prêté serment, souvent lors de discours empreints d’émotion. « Le gouvernement précédent appartient au passé », va alors jusqu’à confier au Monde Mauro Vieira, nouveau ministre des relations extérieures, le 5 janvier. Deux jours plus tard, Lula quitte la capitale et s’envole pour l’intérieur de l’Etat de Sao Paulo, visiter la localité d’Araraquara, victime de graves inondations. Confiant, il pense son assise solide.

Grave erreur. A Brasilia, le dernier carré des « soldats » de Jair Bolsonaro ne se démobilise pas, et continue à contester le résultat de l’élection du 30 octobre 2022. Entre le 7 et le 8 janvier, des dizaines de bus, convoyant plus de 4 000 personnes, convergent face au quartier général de l’armée, où campent depuis des semaines des centaines de militants d’extrême droite. Une marche de 8 kilomètres à travers la capitale est prévue pour dimanche. Objectif : la place des Trois-Pouvoirs.

Mise à sac dantesque

Vers 14 heures, le cortège s’ébranle et, une heure plus tard, une foule de drapeaux brésiliens et de maillots de la Seleçao fond d’un seul bloc sur les institutions de la capitale. Quelques minutes suffisent pour contourner une police vite dépassée. Armés de pieds de chaise, de tuyaux, de pavés et de feux d’artifice, vêtus de tongs et de maillots de foot, les « soldats » de Bolsonaro brisent les vitres des palais. La mise à sac commence. Elle sera dantesque.

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lien source : Au Brésil, une attaque « sans précédent » contre la démocratie