Vaulx-en-Velin (Rhône), samedi 17 décembre. Au lendemain de l’incendie qui a fait dix morts, dont quatre enfants âgés de 3 à 15 ans, un millier d’habitants et plusieurs élus de la métropole de Lyon sont réunis face à l’hôtel de ville pour un hommage silencieux. Une haie se forme spontanément, pour offrir un passage aux familles rescapées de la catastrophe.

Harassés, regards perdus, hantés par les images de la nuit précédente, parents et enfants traversent la foule bienveillante, impressionnés par l’élan de solidarité. Plus de deux tonnes de vêtements et de meubles sont venues de toute la France ; elles seront disponibles dès que les familles auront trouvé une solution de relogement. En attendant, ces dernières sont hébergées pour quinze jours dans l’internat d’un lycée de Villeurbanne.

Lundi 19 décembre, le parquet de Lyon a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour « dégradation volontaire par incendie ayant entraîné la mort ». « Sur le fond, le parquet confirme qu’aucune hypothèse d’enquête n’est ni privilégiée ni écartée et qu’il s’agit simplement de poursuivre les investigations sous l’autorité de ces magistrats », a précisé le procureur de la République, Nicolas Jacquet.

Deux jours après l’épreuve, Sébastien Novares, 42 ans, affiche une douce euphorie, malgré la fatigue. Le père vient d’annoncer une bonne nouvelle à ses quatre enfants. En passant rapidement dans leur appartement du quatrième étage, pour prendre quelques affaires, il a retrouvé le chat blanc aux yeux bleus, indemne, caché sous un matelas. La famille a perdu son toit, mais pas l’espoir. Enfoui dans l’anorak de Sébastien, le chat Peluche fait l’effet d’un signe de vie, sauvé de ce maudit immeuble, qui dit tant l’histoire de Vaulx-en-Velin.

Au 12, chemin des Barques, le bâtiment de sept étages fait partie d’un ensemble immobilier construit dans les années 1970, en pleine éclosion démographique des banlieues lyonnaises. Situé entre le centre-ville et le quartier du Mas du Taureau, l’immeuble privé aux appartements plutôt spacieux a longtemps fait figure de résidence moderne, dans un secteur apaisé. A l’arrière, d’agréables allées de verdure et des aires de jeux entourent un parking central, avec dalle en surface et box en sous-sol.

Le coût des travaux dépasse les moyens des propriétaires

« Quand je passais devant chaque matin pour aller à l’école, on appelait ces immeubles “le quartier des Français”, c’était un endroit privilégié à mes yeux. Je le regardais en me disant que je voulais habiter là, c’était mon rêve », raconte Hedi Berriguiga, 58 ans. Le natif de Vaulx-en-Velin, issu de parents immigrés, a réussi à atteindre son objectif en 1989. Il a racheté un appartement au cinquième étage, pour 260 000 francs (environ 65 000 euros). C’est là qu’ont grandi ses cinq enfants. Chef d’équipe dans le montage d’échafaudages au salaire de 2 000 euros mensuels, Hedi avait remboursé son crédit lorsque les ennuis ont commencé.

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lien source : Avant l’incendie meurtrier à Vaulx-en-Velin, la lente dégradation d’une copropriété de banlieue