Une enquête pour diffusion d’images pédopornographiques a été ouverte cette semaine à l’encontre de l’auteur de bandes dessinées Bastien Vivès et de deux maisons d’édition ayant publié certains de ses ouvrages, a indiqué vendredi 6 janvier le parquet de Nanterre, sollicité par l’Agence France-Presse (AFP).

Cette enquête préliminaire, confiée à la brigade de protection des mineurs, vise l’auteur de 38 ans, figure du 9e art, ainsi que les maisons d’édition Glénat et Les Requins Marteaux qui ont publié trois de ses ouvrages en 2011 et 2018, ont précisé le parquet de Nanterre et une source proche du dossier. Contactés, Bastien Vivès, les éditions Glénat et Les Requins Marteaux n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

« Sous prétexte d’humour »

L’enquête a été ouverte après le dépôt d’une plainte fin décembre 2022 par l’association Fondation pour l’enfance. Cette plainte, dont des éléments avaient été révélés par Franceinfo, vise trois bandes dessinées qui « livrent des représentations de mineurs, dans des situations sexuellement explicites, présentant indubitablement un caractère pornographique ». Ces trois BD s’intitulent Petit Paul (Glénat, 2018), La Décharge mentale (Les Requins Marteaux, 2018) et Les Melons de la colère (Les Requins marteaux, 2011).

Dans ce dernier ouvrage, « Bastien Vivès met en scène Magalie, jeune fille mineure qui subit des agressions sexuelles et viols à répétition », décrit La Fondation pour l’enfance, citée par Franceinfo. « Des relations incestueuses sont également mises en scène entre Magalie et son frère, Petit Paul », dont « l’absence de consentement » est « présentée comme évidente », poursuit l’association.

Une autre association, Innocence en danger, a également déposé plainte auprès du parquet de Paris fin décembre contre M. Vivès et les mêmes maisons d’édition, estimant que ces trois bandes dessinées relevaient de la diffusion d’images pédopornographiques, mais aussi d’« incitation à la commission d’agressions sexuelles sur mineurs » et de « diffusion à un mineur de messages violents ».

A ce stade, la plainte déposée à Paris n’a pas été jointe aux investigations de Nanterre. Toutefois, l’avocate d’Innocence en danger, Delphine Girard, s’est réjouie de l’ouverture de l’enquête à Nanterre, espérant que s’ensuivent « des poursuites effectives et que le droit des enfants soit respecté ». « Il n’est pas supportable qu’on puisse porter atteinte à la représentation des mineurs, et que des images d’abus sexuels, sous prétexte d’humour, puissent être diffusées », a déclaré vendredi Me Girard à l’AFP.

Signalement sans suite en 2019

Ces plaintes ont relancé la polémique autour des œuvres de M. Vivès, présentées par ses lecteurs comme de simples contes graveleux ou des parodies. L’intéressé avait fait savoir en décembre, sur Instagram, qu’il n’avait « à aucun moment voulu blesser des victimes de crimes et abus sexuels ». Il disait aussi « condamner la pédocriminalité, ainsi que son apologie et sa banalisation ».

En décembre, une pétition en ligne exigeant la déprogrammation de l’exposition « Dans les yeux de Bastien Vivès », prévue au festival d’Angoulême à la fin janvier, a recueilli 92 000 signatures. La direction du festival a annoncé l’annulation de l’exposition, invoquant des « menaces » contre l’auteur et les organisateurs.

En 2018, déjà, après la parution de Petit Paul qui met en scène un enfant au pénis démesuré ayant des relations sexuelles avec des femmes majeures, les éditions Glénat avaient affirmé qu’« aussi obscène et provocatrice qu’on puisse la considérer, cette œuvre de fiction n’a jamais pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineur de quelque manière que ce soit ». Un signalement, adressé à l’époque par l’association Face à l’inceste, demandant le retrait de cette BD avait été classé sans suite par le parquet de Nanterre pour « absence d’infraction » en février 2019.

Le Monde avec AFP

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