Le coup de filet, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle d’avril 2017, avait fait craindre un attentat visant le processus électoral. Après plusieurs jours de traque, les enquêteurs de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) étaient parvenus à localiser une planque à Marseille occupée par deux jeunes hommes soupçonnés de préparer une opération terroriste.

Le 18 avril 2017, les policiers avaient fait irruption, avec l’appui du RAID, dans ce petit appartement du 3e arrondissement et interpellé les deux suspects : Clément Baur, 23 ans, et Mahiedine Merabet, 29 ans, qui sont jugés, à partir du jeudi 5 janvier, devant la cour d’assises spécialement composée de Paris.

Six jours avant leur interpellation, les deux hommes avaient eux-mêmes précipité leur chute en envoyant une vidéo, sur la messagerie sécurisée Telegram, à ce qu’ils pensaient être des djihadistes en Syrie afin que leur action soit revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI). Ils y avaient filmé une composition évocatrice – les mots « La loi du Talion » écrits avec des munitions de calibre 9 mm –, un drapeau de l’EI, un Coran, un pistolet-mitrailleur Uzi et la « une » du Monde du 16 mars 2017 consacrée à la campagne électorale, illustrée par une photo du candidat du parti Les Républicains, François Fillon.

Ce que les deux comparses ignoraient, c’est que leurs interlocuteurs étaient des enquêteurs infiltrés de la DGSI, dont le service avait été alerté quelques jours plus tôt par un partenaire étranger d’un projet d’attentat imminent. Dès le visionnage de la vidéo par le cyberpatrouilleur, le ministère de l’intérieur avait alerté plusieurs candidats à la présidentielle et renforcé la sécurité des meetings électoraux, tandis que les enquêteurs déployaient d’importants moyens techniques pour localiser les deux djihadistes.

« Meeting Le Pen Marseille »

Lorsqu’ils pénètrent dans le petit appartement marseillais, le 18 avril 2017, les policiers voient leurs craintes confirmées. Les murs sont recouverts de photos d’enfants morts en Syrie, une façon, leur expliquera Mahiedine Merabet, de « ne pas oublier » le ressort de leur engagement. Les enquêteurs mettent surtout la main sur quatre armes à feu, dont un pistolet-mitrailleur Uzi, 3,5 kilos de TATP (un explosif artisanal) en train de sécher, dont une plaquette prête à l’emploi équipée d’une mèche d’allumage, des boulons, de la propagande djihadiste et une caméra GoPro équipée d’un harnais.

Dans un téléphone, ils exhument plusieurs recherches effectuées sur Internet quelques jours avant le coup de filet, pouvant toutes s’apparenter à de potentielles cibles à Marseille : « club libertin », « bar FN », « bar russe », « bar israélien », « bar américain », ainsi que les noms d’un sauna libertin, d’un restaurant casher, d’un pub ou encore d’un bar à rhum de la ville. Parmi les recherches les plus récentes figurent « Meeting Le Pen Marseille », « les fédérations FN » et une exploration en ligne des bars retransmettant des matchs de football.

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lien source : Baur et Merabet, un duo en procès pour un attentat déjoué à la veille de la présidentielle de 2017