Un religieux chiite musulman libanais salue le pape Benoît XVI à la cathédrale Saint-Paul dans le village de Harissa, au Mont-Liban, au nord-est de Beyrouth, le 14 septembre 2012. Un religieux chiite musulman libanais salue le pape Benoît XVI à la cathédrale Saint-Paul dans le village de Harissa, au Mont-Liban, au nord-est de Beyrouth, le 14 septembre 2012.

Théologien reconnu, acteur du concile œcuménique Vatican II, où il œuvra notamment à la réflexion renouvelant les relations de l’Eglise catholique avec les juifs, Benoît XVI a, pourtant, durant son pontificat, entretenu des relations ambiguës avec les autres confessions chrétiennes et les religions monothéistes.

Alors qu’il avait affiché sa volonté de faire de l’œcuménisme une « cause fondamentale » de son pontificat, il a agacé les protestants en répétant que l’Eglise catholique détient la vérité de la foi chrétienne. Et il a divisé les anglicans en ouvrant les portes de Rome aux prêtres et aux fidèles en désaccord avec l’évolution, jugée trop progressiste, de l’anglicanisme. Dans les faits, les dissidents ne se sont pas précipités. En revanche, les rapports avec l’orthodoxie, malmenés durant le pontificat précédent, ont connu une certaine embellie.

S’agissant du judaïsme, ce pape allemand avait activement participé au rapprochement judéo-chrétien opéré par son prédécesseur. Il l’avait soutenu, notamment dans la repentance de l’Eglise pour les fautes commises contre les juifs. Contre toute attente, les rapports de Benoît XVI avec les juifs vont connaître épisodiquement des tensions, qui ne remettent pas en question cette entente. Les crispations commencent dès 2006, lors de son voyage à Auschwitz. Le pape souligne l’horreur de l’extermination des juifs, mais suscite les critiques en jugeant que le nazisme a été le fait « d’un groupe de criminels ».

Crise de confiance

En juillet 2007, nouvelle polémique avec la libéralisation de la messe en latin. L’ancien missel reprend la prière du vendredi saint, qui évoque la conversion des juifs au christianisme. En janvier 2009, la levée de l’excommunication des évêques intégristes, dont un négationniste, provoque une nouvelle crise de confiance entre le Vatican et les communautés juives à travers le monde. En dépit de déclarations condamnant l’antisémitisme, le voyage de Benoît XVI, quelques mois plus tard, en Israël ne suffit pas à rassurer une partie des juifs.

A la fin de l’année 2009, sa décision de lancer le processus de béatification du pape Pie XII, controversé pour son attitude envers les juifs et le régime nazi, durant la seconde guerre mondiale, refroidit à nouveau les relations au plus haut niveau institutionnel.

Mais c’est avec les musulmans que les choses avaient le plus mal commencé. En septembre 2006, le pape prononce un discours sur la foi et la raison, à Ratisbonne. Il y glisse une citation d’un empereur byzantin, évoquant une violence qui serait intrinsèque à l’islam. Le monde musulman s’indigne ; le pape doit présenter des excuses. Cet épisode va paradoxalement amener Benoît XVI à s’intéresser à l’islam, qu’il ne connaissait pas. Un forum catholique-musulman se met en place à l’initiative d’intellectuels et de savants musulmans. Il se réunit une première fois en 2008, à Rome.

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lien source : Benoît XVI, une relation souvent tendue avec les autres confessions et religions