
Le président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte, en retrait depuis trois semaines, a été placé en garde à vue durant neuf heures, mardi 24 janvier, pour blanchiment de fraude fiscale aggravé. Il en est sorti à 18 heures sans poursuite à ce stade, a annoncé dans la soirée le Parquet national financier (PNF).
« Aucune charge n’a été retenue à ce stade, annonce au Monde Jean-Pierre Versini-Campinchi, l’un des avocats de M. Laporte. Cette affaire concerne une donation consentie en 2010, soit il y a douze ans, par M. Laporte à un ami, un ex-rugbyman qui a été son associé. Dans ce dossier, M. Laporte n’a pas touché un centime. »
Cet ancien associé, qui n’aurait pas déclaré cette donation au fisc, est l’ex-international français Jean-Pierre Rives, comme l’a relevé Midi olympique. Un autre ancien joueur du XV de France et ex-associé, Denis Charvet, est aussi visé par l’enquête. MM. Rives et Charvet ont également été entendus sous le régime de la garde à vue, mardi, avant d’en sortir sans charge à ce stade.
Selon le journal L’Equipe, qui a révélé l’information, deux autres personnes ont également été placées en garde à vue. Les investigations, lancées en août 2020, ont été confiées au service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF).
« On veut la peau de M. Laporte »
Il s’agit ici d’une affaire différente de celle ayant conduit M. Laporte devant le tribunal correctionnel de Paris, à la fin de 2022. Le président de la FFR a en effet été condamné en première instance à deux ans de prison avec sursis, à 75 000 euros d’amende et à deux ans d’interdiction d’exercer toute fonction en lien avec le rugby, entre autres pour corruption passive, trafic d’influence et prise illégale d’intérêts. Il a fait appel de ce jugement.
L’enquête qui lui vaut d’être placé en garde à vue est également distincte de celle du PNF visant le comité d’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 pour favoritisme, trafic d’influence et corruption.
La garde à vue de l’ancien ministre des sports intervient au lendemain du début du vote, de lundi à jeudi, des clubs de rugby amateurs qui doivent valider – ou non – la nomination de Patrick Buisson, un proche de M. Laporte, comme président délégué de la FFR. L’actuel vice-président de la fédération, dont le nom a été proposé par Bernard Laporte (en accord avec les statuts fédéraux), a affirmé, la semaine passée, vouloir « incarner la fin des affaires ».
Le calendrier de cette audition fait sortir Me Versini-Campinchi de ses gonds. « Je trouve consternant ce comportement qui correspond à une volonté de nuire à M. Laporte, s’insurge l’avocat. C’est la troisième fois depuis 2020 [avant la réélection de M. Laporte à la tête de la FFR] que le PNF choisit de prendre des mesures publiques à un moment intempestif et de les divulguer. Cette fois, c’est au milieu d’un référendum. On veut la peau de M. Laporte. »
Les avocats de M. Laporte réfléchissent à la « possibilité » de saisir le tribunal pour faute lourde de l’administration judiciaire en raison « de cette répétition de la violation des secrets de l’instruction dans le dossier Bernard Laporte ».
lien source : Bernard Laporte placé en garde à vue plusieurs heures pour blanchiment de fraude fiscale aggravé