La patronne de l’agence Shauna Events, Magali Berdah, le 14 septembre 2022 à Paris. La patronne de l’agence Shauna Events, Magali Berdah, le 14 septembre 2022 à Paris.

« On va te crever sale chienne », « Oublie pas, petite salope, on te met un couteau dans la gorge tu te vides de ton sang comme une pute », « Ta fille, je lui enfonce ses jouets dans le cul ». Aujourd’hui, la « championne de France » des cyberharcelées s’appelle Magali Berdah. En mai 2022, le rappeur Booba a lancé sa communauté de « pirates » (6 millions d’abonnés) contre la médiatique patronne de l’agence d’influenceurs Shauna Events au motif de lutter contre les dérives des « influvoleurs ».

Plus de 100 000 messages sur Gmail, Twitter, WhatsApp, Instagram, où rien ne lui aura été épargné : insultes antisémites, messages audio orduriers la menaçant, elle et ses filles, de mort et de viol, incitations au suicide, « fake news », etc. « Il m’a tellement diabolisée qu’aujourd’hui je me retrouve seule », raconte au Monde la quadragénaire.

Une enquête a été ouverte après la plainte du rappeur contre Shauna Events pour pratiques commerciales trompeuses et escroquerie en bande organisée, en septembre 2022. Soit deux mois après la plainte de Magali Berdah qui avait conduit à l’ouverture d’une enquête pour cyberharcèlement par le pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris.

En attendant que la justice se prononce, la chasse à la Berdah se poursuit. « Toutes les semaines, quasiment, depuis huit mois, il balance un dossier sur moi. Je vis à son rythme. Il a balancé mon adresse, m’a mise en scène sur un fauteuil roulant, m’a accusée de lui envoyer le Mossad, d’être islamophobe… Alors que je le suppliais sur Twitter d’arrêter, il m’a répondu : “Plus tu souffres, plus ça m’excite.” »

Concours du pire

Magali Berdah a dû déménager, sa fille de 11 ans a été déscolarisée. Dans un montage vidéo sur Twitter, son visage a été posé sur le corps de Cersei, dans la marche de la honte de Game of Thrones, où la reine déchue est nue, insultée et frappée par la foule. Pire, une « sextape » la montrant en train de pratiquer une fellation a été partagée des milliers de fois. Il s’agit en réalité d’un montage (« deepfake » porno). « Tu te lèves tous les matins et tu te couches tous les soirs avec la peur au ventre et l’envie de mourir, juste pour que ça s’arrête », dit-elle au Monde.

Depuis plusieurs semaines, suivant les conseils des policiers – « ce sont les seuls qui m’aident actuellement, avec mes avocats » –, Magali Berdah avait choisi de garder le silence sur les réseaux. Mais, en face, la haine ne plie pas. Le 24 décembre, elle a publié une vidéo pour supplier, en pleurs, que tout cela cesse. Même Julien Odoul, député RN, s’est moqué sur Twitter des « larmes fake » de l’« arnaq pleureuse ».

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lien source : « Booba m’a tellement diabolisée que je suis seule » : le cyberharcèlement sans fin contre Magali Berdah