

Sur son écran d’ordinateur, Virginie Hachard, enseignante-chercheuse et doyenne associée de l’EM Normandie, est fière de montrer le séquençage chronométré du cours de comptabilité qu’elle expérimente depuis le début de l’année avec ses étudiants. « J’y alterne des phases de cinq à quinze minutes maximum de leçons théoriques, puis de travail collaboratif, d’exercices de créativité et de découverte, de façon à créer en continu du rythme et de l’engagement chez les élèves », détaille-t-elle en parcourant le document qui précise pour chaque séance les objectifs pédagogiques visés, les notions abordées et le temps à y consacrer, le travail personnel des élèves, etc.
Ce « synopsis » de cours ultradétaillé, testé pour l’instant par une dizaine d’enseignants, « [les] oblige à réfléchir à [leurs] pratiques pédagogiques et à les conscientiser », poursuit Virginie Hachard. Il pourrait être « systématisé » à l’avenir dans les enseignements de l’école. Ce sera alors une nouvelle étape dans la sensibilisation et la formation pédagogique des enseignants de l’EM Normandie, où ont été mis en place des temps réguliers de formation et d’échange entre enseignants sur la pédagogie, qu’ils soient permanents ou vacataires. Une démarche engagée dans d’autres écoles de management, la crise sanitaire, le profil plus hétérogène des élèves et les enjeux écologiques les obligeant à lancer sur le tas divers programmes de formation pour les enseignants, appuyés par des services d’ingénierie pédagogique renforcés.
Les écoles de management avaient en effet pris du retard en la matière. Dans une étude pour la Conférence des grandes écoles (CGE) de mai 2021, seulement 53 % des enseignants d’écoles de management disaient se sentir « accompagnés par [celles-ci] dans le développement de [leurs] compétences pédagogiques ». Si les écoles ont fortement investi dans la recherche depuis les années 2000, afin de satisfaire aux exigences des classements et accréditations internationales, ainsi que celles du ministère de l’enseignement supérieur, la pédagogie a longtemps été reléguée au second plan dans leurs réflexions comme dans l’emploi du temps et les préoccupations de leurs enseignants-chercheurs.
Auditoire « de plus en plus hétérogène »
« On est en train de rééquilibrer un peu cela en demandant aujourd’hui aux enseignants d’être excellents en recherche et en pédagogie », commente, en insistant sur le « et », Tamim Elbasha, directeur de l’innovation pédagogique à Audencia. L’école nantaise a lancé au printemps 2022 son programme Lighthouse, qui prévoit quinze jours de formation sur dix-huit mois pour les enseignants volontaires ainsi que pour tous ceux nouvellement recrutés.
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lien source : « Ce n’est pas parce qu’on est un bon chercheur qu’on est un bon enseignant »