A l’entrée d’un crématorium, à Pékin, le 20 décembre 2022. A l’entrée d’un crématorium, à Pékin, le 20 décembre 2022.

Un footballeur de 37 ans, Wang Ruoji ; un professeur des Beaux-Arts, père de la mascotte des Jeux olympiques de 2008, âgé de 67 ans, Wu Guanying ; un professeur d’économie de l’université de Pékin, Cao Fengqi (77 ans) ; une chanteuse d’opéra de 39 ans, Chu Lanlan ; un héros militaire de 98 ans, Zhang Fuqing… La liste des personnalités connues dont les Chinois attribuent la mort à la nouvelle vague de Covid-19 ne cesse de s’allonger.

Et, pourtant, officiellement, aucun d’eux n’est mort du virus. Wu Guanying, par exemple ? Un « rhume sévère ». Ce hiatus horripile les internautes. « C’est incroyable qu’on ne nous dise pas la vérité », dit l’un. « Si ça continue, qu’est-ce qui va nous distinguer des Etats-Unis ? », commente un autre. Non que les Etats-Unis cachaient l’information, mais leur gestion du Covid-19 est jugée comme une catastrophe par nombre de Chinois. « Et Zhang Fuqing, de quoi est-il mort ? Vous devez nous en donner la raison », proteste un troisième internaute. Jour après jour, le décalage s’accroît entre le nombre officiel de morts et la réalité que vivent nombre de Chinois.

Alors qu’on ne dénombre officiellement à Pékin que six décès liés au Covid-19 depuis les annonces du 7 décembre mettant fin à la politique zéro Covid, les crématoriums de la capitale sont étrangement débordés. Partout des corbillards attendent durant plusieurs heures voire plusieurs jours. Mardi 20 décembre, une femme qui était allée se renseigner pour la date de crémation d’un proche au crématorium de Babaoshan, à l’ouest de Pékin, s’est entendu répondre qu’il n’y avait plus de place avant le samedi 25. Faute de fourgon funéraire disponible, les Pékinois n’ont parfois pas d’autre choix que d’utiliser leur propre voiture. Un employé d’une société de pompes funèbres évoque « entre 200 et 300 crémations quotidiennes ». « Bien sûr que c’est dû au Covid », dit-il, jugeant la question absurde. Certains crématoriums semblent fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

La situation est également parfois dramatique dans les hôpitaux de Pékin. « Mon grand-père est parti le 19 décembre à cause du Covid ; 95 % des gens aux urgences étaient des vieux qui ont le Covid. Certains ont la chance d’avoir un lit. D’autres sont assis sur de simples fauteuils pour recevoir leur perfusion. A la morgue de l’hôpital, ils doivent mettre les sacs jaunes [qui contiennent les corps] par terre car ils n’ont plus de place. Je n’ai jamais vu ça », témoigne un Pékinois. « A l’hôpital, ils m’ont dit que c’était le moment de faire jouer mes relations. C’est comme cela que j’ai réussi à avoir une place au crématorium de Babaoshan dès le lendemain », reconnaît-il. Une autre internaute de Pékin apporte un témoignage comparable après le décès d’un proche. « On m’a proposé soit d’attendre le 16 janvier 2023, soit d’aller procéder à la crémation à Tianjin. J’ai dû faire jouer mes relations pour avoir une place à Babaoshan. Il y a des gens qu’on brûle dans de simples cartons, faute de cercueils disponibles. »

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lien source : Covid-19 : la Chine tente de minimiser le nombre de morts liés à l’épidémie