

Salle des fêtes de l’Elysée, 16 décembre 2022. Emmanuel Macron cherche une bouffée d’air frais. Il lui faut des idées neuves pour affronter un pays éruptif à même de verser dans le populisme. Le chef de l’Etat a réclamé une réunion de cabinet très spéciale : quatre-vingts conseillers sont assis autour d’une table en fer à cheval, où pintade et vin sont servis. Tous, y compris les petites mains qui n’approchent jamais le président de la République, ont été sommés de plancher sur le thème : quelle France laisser en 2027 ? Une première. Très vite, le conciliabule se mue en réflexion pour contrer l’ascension de Marine Le Pen.
« N’ayez pas peur du Rassemblement national [RN], enjoint Emmanuel Macron. C’est quand on a peur que ça arrive ! » Les idées fusent : abaisser la majorité à 16 ans ? Légaliser le cannabis ? Créer une carte Vitale écologique ? Le chef de l’Etat écoute, ravi, valorise l’audace en dépit des ricanements échangés sous cape. « D’autres avis ? Une opinion dissidente ? », mitraille-t-il en réclamant à ses collaborateurs de la « radicalité ».
Soudain, l’un des vieux briscards de l’Elysée ose : « Monsieur le président, nous avons un sujet d’emmerdement des Français. » Voilà revenue la rhétorique de Georges Pompidou qu’affectionne le locataire de l’Elysée. Pour vider le RN de son carburant, il faut s’attaquer aux petites et grandes exaspérations du quotidien. Aux lourdeurs de l’Etat. Aux embûches qui provoquent détresse et colère. « La trace historique n’est pas un ego trip de Clovis à Macron, c’est l’idée de remettre en scène par les actes et les mots le progrès et le travail », croit Clément Léonarduzzi, ex-conseiller spécial du chef de l’Etat. Du concret, donc. Le pouvoir peut adoucir la vie des « gens », à défaut de la changer.
« Ayez de l’audace »
A l’heure d’une rentrée des ministres marquée par les crises, ce 4 janvier 2023, le message présidentiel est transmis à haute voix. « L’année sera difficile », prévient Emmanuel Macron. La réforme des retraites, hautement impopulaire, n’est pas encore dévoilée que les contestations éclatent ici et là. Les boulangers, bouchers, pressings sont étranglés par les factures d’électricité, des médecins libéraux ont cessé le travail, les burn-out explosent dans les hôpitaux saturés, tandis que des centaines de trains ont été stoppés à Noël par une grève des contrôleurs… « Ayez de l’audace. Mettez-vous du côté des gens ! », supplie le chef de l’Etat aux quarante-deux membres du gouvernement, alors qu’il observe les « professionnels de la peur » et les « esprits tristes » rôder pour cueillir le fruit des colères. Une allusion aux forces populistes et médiatiques réactionnaires.
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lien source : Emmanuel Macron cherche à renouer son lien avec les Français pour contrer le Rassemblement national