Vue d’architecte du projet de développement d’un complexe touristique à La Ferté-Saint-Cyr, dans le Loir-et-Cher. Vue d’architecte du projet de développement d’un complexe touristique à La Ferté-Saint-Cyr, dans le Loir-et-Cher.

Comment tracer sa route, entre projets défendus par des élus locaux, souvent au nom de l’emploi, et mouvement de protection de l’environnement ou du patrimoine, de plus en plus organisés ? La récente mise à l’écart de Marie Lajus, préfète d’Indre-et-Loire, qui s’est progressivement mis à dos des élus, illustre l’exercice auquel sont confrontés nombre de préfets.

Le mois de février 2023 sera ainsi crucial pour la biodiversité solognote et mémorable pour le préfet du Loir-et-Cher. D’un côté, Lamotte-Beuvron, paradis des chasseurs et promeneurs, pourrait accueillir le chantier d’un vaste entrepôt logistique, à proximité d’un collège et moyennant la destruction d’une forêt de 16 hectares. Et, de l’autre, la commune boisée de La Ferté-Saint-Cyr pourrait faire place à complexe touristique de luxe composé de 565 villas et d’un golf de 160 hectares. Les dates limites pour prendre un arrêté préfectoral – accord ou refus – sont le 4 février pour la plate-forme et le 17 février pour le golf dit « des Pommereaux ».

Ces derniers mois, ces deux projets ont connu leurs lots de manifestations dominicales et de réunions publiques vespérales chahutées. A chaque fois, les agents des services du renseignement territorial étaient là pour remonter l’information au préfet François Pesneau, déjà au fait des opinions populaires exprimées lors des enquêtes publiques.

Riverains légalistes

Directeur général des services de Lamotte-Beuvron pendant vingt ans, François Eliet, jeune retraité, a créé une association de riverains pour s’opposer au projet de plate-forme : « On n’est pas du genre à s’enchaîner autour des arbres. On préfère utiliser tous les outils juridiques à disposition. » Jusqu’à fournir des dizaines d’avis argumentés au commissaire-enquêteur, dont celui d’un pneumologue spécialiste de l’impact des particules fines émises par les camions.

L’enquête publique s’est conclue en novembre par un avis négatif. Mais la vigilance de M. Eliet reste intacte : « S’il est raisonnable, le préfet devrait suivre l’avis. Après, il nous faudra s’intéresser au SCOT [schéma de cohérence territoriale] de la Grande Sologne, un document important qui sera voté en juin 2023 et dont va dépendra le futur PLUI [plan local d’urbanisme intercommunal] et donc l’utilisation des terrains. »

Confronté à ces riverains légalistes, le préfet voit aussi les positions traditionnelles des élus évoluer – les emplois pèsent moins face aux préoccupations écologiques – et des projets défendus par des communes ne pas l’être un échelon au-dessus. Le conseil départemental du Loir-et-Cher, à majorité divers droite, a ainsi voté, le 24 octobre, contre le projet de golf à l’unanimité des groupes. Un projet qui a pourtant reçu un avis favorable de l’enquête publique.

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lien source : En Loir-et-Cher, le préfet pris en étau entre intérêts économiques et question environnementale