

Eric Dupond-Moretti a un regret : il aurait voulu fêter « à sa manière » les 50 ans du Front national, devenu Rassemblement national (RN) en 2018. Il aurait adoré assister au colloque organisé pour l’occasion, en octobre, par le parti d’extrême droite. Assis derrière son bureau au ministère de la justice par un jour glacial de décembre, alternant cafés et cigarettes, le garde des sceaux imagine son discours avec une certaine gourmandise : « 50 ans, c’est un âge important… J’aurais parlé des parents [il cite Jean-Marie Le Pen et les cofondateurs issus de la Collaboration] ; des amis, Frédéric Chatillon, Axel Loustau, Philippe Péninque [tous anciens du GUD, un groupuscule étudiant d’extrême droite radicale, et tous proches de Marine Le Pen], de Dieudonné [qui fut proche de Jean-Marie Le Pen]. » Il serait aussi revenu sur « un demi-siècle de déclarations antisémites, racistes et xénophobes ».
Las ! Il n’a pas été convié par le RN. Alors, il se rattrape. Notamment à l’Assemblée nationale. Depuis sa nomination en 2020, c’est le membre du gouvernement qui va le plus à l’affrontement avec l’extrême droite, d’autant plus depuis les législatives de juin, après lesquelles 89 députés lepénistes ont fait leur entrée au Palais-Bourbon. Chaque débat est l’occasion pour lui d’asséner quelques coups. Ainsi, fin octobre, juste après le meurtre de Lola, il fustige ceux qui, à droite et à l’extrême droite, se servent « du cercueil d’une petite fille de 12 ans pour en faire un marchepied ».
Le dernier échange – musclé – a eu lieu le 6 décembre à l’occasion du débat sur la politique migratoire. Il est tard, le ministre de la justice n’est a priori pas concerné, mais il a tenu à être présent. Il cite Eric Zemmour, interpelle les trois députés du RN encore présents, mentionne en passant les ennuis judiciaires de leur collègue Edwige Diaz (Gironde), soupçonnée d’emploi fictif au Parlement européen. Pas question de passer pour un « angélique » ou un « laxiste » et offrir une prise à ses meilleurs ennemis ; il « reprend à son compte » l’expression dont l’esprit a été popularisé par Nicolas Sarkozy : « La France, on l’aime ou on la quitte. »
Mais s’il assume cette expression, c’est pour mieux contre-attaquer. En conclusion de son intervention, il lit ainsi des passages d’un vieil article de 1935 visant les immigrés italiens. « Ce n’est pas un papier de Valeurs actuelles », commence le garde des sceaux ironiquement. Puis, prenant soin de poser les accents toniques au bon endroit pour les patronymes italiens : « Voulez-vous, s’il vous plaît, être le messager de ces propos auprès de M. Jacobelli et de M. Bardella ? Vous me feriez plaisir. » Laurent Jacobelli est porte-parole du RN, Jordan Bardella en est le président.
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lien source : Eric Dupond-Moretti et l’extrême droite, l’affrontement permanent des meilleurs ennemis