

Ceux qui ont fait mille fois le tour de la Maison ronde l’assurent : d’aussi loin qu’ils se souviennent, ils n’avaient jamais vu les membres de l’Orchestre et du Chœur de Radio France dodeliner avec autant d’entrain à l’issue d’un spectacle.
Cet événement s’est produit lors du dernier des trois concerts donnés à l’auditorium de Radio France, à Paris, les 2, 3 et 4 décembre 2022, par le chanteur Gilberto Gil et le compositeur et chef d’orchestre Aldo Brizzi. Le Brésilien et l’Italien y créaient Amor Azul, un opéra qu’ils ont coécrit sept ans durant, entre les gouttes du Covid-19 ‒ une première pour le cofondateur du tropicalisme et ex-ministre de la culture du président Lula.
Acmé de l’année passée pour Radio France et France Télévisions, qui l’ont coproduit, cette collaboration singulière invite, d’une même foulée, à commencer 2023 du bon pied : elle sera diffusée vendredi 20 janvier, sur France 5, puis mercredi 25 janvier, sur France Musique.
La captation a eu lieu lors de la générale, jeudi 1er décembre 2022. L’enthousiasme des participants était déjà palpable – sitôt le concert achevé, les cuivres ont entonné au débotté les premières notes de Hey Jude, comme une offrande à Gilberto Gil, dont la passion pour les Beatles est légendaire. Qui s’en souvient ? Dans les années 1990, Paul McCartney s’était essayé à la musique savante, sans convaincre. L’incursion du Bahianais est autrement plus probante. En témoigne l’ouverture d’Amor Azul, d’une beauté limpide – mélodie, orchestration, interprétation, tout coule de source.
« Les grandes eaux n’éteignent pas l’amour/Les fleuves en crue ne le submergent pas », disent les premiers vers du livret, préambule aux amours tortueuses et torturées de Krishna et Radha. Des avatars en cascade, une mythologie cosmique et syncrétique, de grands moyens – avec 2 h 45 de musique, quarante-sept morceaux, 523 pages de partition, 19 500 notes, 169 artistes sur scène dont deux danseurs indiens : James Cameron peut aller se rhabiller, le blockbuster bleuté de l’hiver, le voilà.
Fine fleur du tropicalisme
La réussite est d’autant plus admirable que Gil a fêté, en juin 2022, ses 80 printemps. Il s’est adjoint les services d’un maestro qui, en matière de huit, symboles de l’infini, s’y connaît. Dans le circuit de la musique contemporaine, Aldo Brizzi a longtemps été associé à Giacinto Scelsi, qui en avait fait son disciple de choix. Musicien insolite que ce Scelsi, aussi archaïque qu’avant-gardiste : il disait devoir son inspiration aux déités védiques, et s’attendait à rejoindre l’au-delà le jour où les huit, seraient tous alignés – de fait, il est mort le 8 août 1988.
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lien source : Gilberto Gil et l’opéra, pari gagné