

Mercredi 21 décembre, en fin de matinée, les queues s’allongent devant les points Information et de vente des gares franciliennes. Plus de 200 000 voyageurs devraient voir leurs trajets perturbés pour le week-end de Noël par la grève des contrôleurs de train. Environ deux trains sur trois rouleront vendredi, selon l’estimation de la SNCF. Deux sur cinq seront annulés samedi et dimanche.
Dans l’enceinte de la gare de Lyon, à Paris, Valérie Dubrous s’agace. La veille au soir, elle a reçu le message fatidique de la SNCF lui annonçant la suppression de son train retour dimanche, entre Nevers (Nièvre) et Paris. « J’ai passé ma soirée d’hier à chercher des solutions. Ce matin, j’ai vu l’annonce sur les chaînes d’informations du remboursement à 200 % des billets pour les trajets annulés. Donc, je suis venue exprès ce matin. Et là, on me dit qu’on ne fait pas de remboursement sur place. Il faut aller sur le site Internet », se désole-t-elle.
Dans la matinée, le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, a effectivement annoncé le renouvellement de cette mesure de remboursement, déjà déployée à la même période en 2021.
« Ça va être la bataille pour trouver une place »
Valérie Dubrous, qui se rend dans la Nièvre pour passer le réveillon de Noël avec ses proches, a finalement opté pour la solution covoiturage pour rentrer à Paris dimanche : « C’est beaucoup moins cher ! » Une option vers laquelle elle n’est pas la seule à s’être tournée. « Les fêtes sont déjà une période cruciale pour nous. Mais là, depuis mardi, nos réservations ont doublé par rapport à la semaine précédente et au premier week-end de départs en vacances », affirme Nicolas Michaux, porte-parole de Blablacar.
Près de 300 000 places de covoiturage sont proposées sur le site pour ce week-end, mais l’offre ne couvrira pas la demande, estime M. Michaux, dont l’entreprise assure également avoir multiplié de 50 % son offre de trajets en car avec, notamment, « des rotations supplémentaires sur certaines lignes entre la capitale et Lyon, Grenoble, Nantes, Rennes… »
Alors que d’autres annulations sont à redouter pour samedi et dimanche, la lassitude s’impose dans les gares franciliennes. En 2021, une grève avait aussi gâché le premier week-end des départs en vacances de décembre. « C’est tous les ans la même chose dès qu’on approche d’une échéance importante pour les passagers », râle Valérie Dubrous.
« Ça devient fatigant », renchérit Emmanuelle*, cadre dans la région parisienne, venue s’informer à l’espace billetterie, gare de l’Est, en prévision de son départ pour Troyes vendredi. Impossible pour l’instant de savoir si son trajet sera maintenu. « On aimerait pouvoir s’organiser. On n’aura la réponse que jeudi soir ou vendredi matin, regrette-t-elle. Les personnes les plus impactées sont celles qui n’ont pas de véhicules et pas les moyens les plus élevés non plus. » Si son train est annulé, la Francilienne de 41 ans dit ne pas avoir d’autre option que d’en prendre un autre. « Je monterai dans celui que je trouverai, et je resterai debout s’il le faut. Ça va être la bataille pour trouver une place, appréhende-t-elle. Les gens seront excédés. »
« Ma mère a passé sa journée à pleurer en pensant qu’elle allait passer Noël seule », raconte Anna Henry, dont le trajet aller vers Brest, initialement prévu vendredi, a été annulé. L’ingénieure freelance avait déjà eu du mal à réserver son voyage un mois plus tôt, nombre de trains étant complets. Alors qu’elle privilégie habituellement le train par rapport à la voiture pour des raisons écologiques, elle a dû se résigner à prendre son véhicule pour rejoindre sa mère en Bretagne. « Je vais dépenser plus de 300 kilos de CO2 pour faire 1 200 kilomètres sur un week-end. Multipliez ça par le nombre de personnes qui vont être contraintes de prendre la voiture ce week-end, ça fait beaucoup. J’ai l’impression de gaspiller les efforts que j’avais faits pour moins polluer en baissant mon chauffage de deux degrés cet hiver », fustige-t-elle.
Anna Henry se dit d’autant plus excédée qu’elle raconte avoir dû « râler sur les réseaux sociaux » pour obtenir le remboursement de son billet retour, un train Ouigo qui n’était pas supprimé. « C’est devenu compliqué de voyager. Et je trouve le train très cher par rapport à d’autres transports », déplore-t-elle, après avoir déboursé environ 200 euros pour son aller-retour Paris-Brest.
Echange gratuit dans la limite des places disponibles
Lucas*, 24 ans, cadre dans la communication, a également dû revoir ses plans pour rentrer à Bordeaux vendredi après l’annulation de son train aller. « Sur le site, tous les trains étaient complets. Je me suis rabattu sur l’avion, les trajets étaient hors de prix. Il y en avait pour 400 euros », raconte-t-il. Grâce à un comparateur en ligne, il a finalement trouvé un trajet en bus grâce auquel il pourra passer le réveillon en famille. « En réalité, ça m’impose peu de contraintes. Avec le remboursement de 200 % promis par la SNCF, ça me revient moins cher que mon trajet de départ, se réjouit-il, ajoutant avoir trouvé cette solution de repli en vingt minutes. Et puis je suis jeune, donc faire huit heures de bus n’est pas un souci ! »
Il dit avoir cherché à comprendre les raisons derrière le mouvement social des contrôleurs SNCF. « Je trouve qu’ils ont plutôt raison. La hausse de leurs salaires ne correspond pas à l’inflation actuelle, estime-t-il. Ce sont des gens qui font un métier compliqué. Donc personnellement, je n’ai aucun problème à soutenir cette grève. » Lucas ne s’inquiète pas non plus d’une éventuelle annulation de son trajet retour. « Je m’arrangerai, avec un jour de télétravail en plus, par exemple. » Les voyageurs dont le train a été supprimé peuvent encore échanger leur billet sans payer la différence de prix, promet la SNCF. Mais à moins de trois jours du réveillon, la plupart des trains maintenus affichent déjà complet.
*Les personnes n’ont pas souhaité que leur nom de famille soit publié.

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lien source : Grève à la SNCF : « C’est tous les ans la même chose dès qu’on approche d’une échéance importante pour les passagers »