

Malgré la fin de la grève, la grève continue… Vingt-quatre heures après la signature d’un accord entre la direction et les syndicats de la SNCF, lequel a mis un terme au conflit lancé par un collectif de contrôleurs, le mouvement ne faiblit pas en ce jour de réveillon. Les annulations de TGV ont même augmenté, passant de 30 % de circulations supprimées vendredi 23 décembre à 40 % samedi 24 et dimanche 25. Les voyageurs privés de réveillon familial peuvent toujours se consoler en sachant que tout devrait être revenu à la normale le week-end du Nouvel An. Mais pour Noël, c’est trop tard : les trains se préparant plusieurs jours à l’avance, ils n’ont pas pu être reprogrammés du jour au lendemain.
Le conflit portant sur des revendications spécifiques des contrôleurs, également appelés chefs de bord ou agents du service commercial train (ASCT), est atypique à bien des égards. Particulièrement suivi pour un week-end de Noël, il a été porté par un groupe de contrôleurs, le Collectif national ASCT (CNA). Il marque à ce titre un tournant dans l’histoire des grèves du groupe public ferroviaire et illustre ce que pourrait être une forme de mouvement social 2.0.
Comment un conflit échappant au cadre institutionnel habituel de la SNCF, y compris syndical, a-t-il pu ainsi prospérer jusqu’à sembler hors de contrôle dans une vieille maison habituée aux mouvements sociaux ? Voici quelques éléments de réponse.
Des alertes mal relayées
« On a un dialogue social qui ne marche pas à grande vitesse, observe, ironique, Sabine Le Toquin, secrétaire nationale de la CFDT-Cheminots et elle-même contrôleuse. Il est faux de dire que les syndicats n’ont rien vu venir. Nous avons tous vu le feu qui couvait, l’incendie prêt à éclater. Depuis le Covid, la situation n’était plus tenable pour les ASCT – pression face aux clients, incidents de sécurité, charge mentale et absence de reconnaissance. Nous avons alerté. Nous avons eu droit à une écoute polie, mais pas de vraie remontée de l’information, pas d’alerte à la direction TGV ni à la SA SNCF Voyageurs. »
Dans leur ensemble, les syndicats incriminent la réorganisation sociale de la SNCF qui a accompagné la création des comités sociaux et économiques (CSE), remplaçants des comités d’entreprise. Les nouvelles instances sont devenues des machins énormes, gérant des milliers de salariés sur de vastes territoires, parfois à l’échelle de la France. Le système a entraîné la disparition de 70 % des représentants du personnel, élus syndiqués de proximité. « Ils parvenaient à labourer le terrain, à alerter sur les problèmes avant qu’ils ne s’agrègent et ne se consolident », note Fanny Arav, représentante de l’UNSA-Ferroviaire. « Maintenant, il faut parfois faire 200 kilomètres pour trouver celui qui va vous répondre, renchérit Mme Le Toquin. Les collectifs naissent d’absence de proximité avec le management de l’entreprise et avec les organisations syndicales. »
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lien source : Grève à la SNCF : les leçons d’un mouvement social 2.0