

C’est un camouflet pour Vladimir Poutine. Vingt-quatre heures après l’annonce par la France de la livraison de chars légers à l’Ukraine, une première pour un pays occidental depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022, les Etats-Unis et l’Allemagne ont à leur tour décidé d’amplifier leur aide militaire. Ces deux pays se sont engagés, jeudi 5 janvier, à fournir à Kiev des blindés de combat d’infanterie. « La guerre en Ukraine a atteint un tournant », a justifié le président américain, Joe Biden, lors d’une réunion à la Maison Blanche, expliquant que « les Russes ne se [relâchaient] en rien » malgré l’annonce, jeudi, par Moscou d’un cessez-le-feu unilatéral de trente-six heures les 6 et 7 janvier, à l’occasion du Noël orthodoxe.
Interrogé le même jour, en marge d’une rencontre avec son homologue allemande, Annalena Baerbock, le ministre britannique des affaires étrangères James Cleverly n’a pas exclu que le Royaume-Uni rejoigne le mouvement.
Concrètement, Washington va livrer 50 véhicules Bradley à l’armée de Kiev, et Berlin devrait fournir entre 20 et 40 exemplaires de son équivalent allemand, le Marder – le chiffre exact n’a pas été communiqué. Capables d’embarquer une dizaine de fantassins pour les emmener au plus près du front, ces blindés chenillés sont aussi équipés de canons de 20 à 25 millimètres et de missiles antichars TOW et Milan. « Leur rôle est d’escorter les chars sur le champ de bataille en éliminant les équipes antichars ennemies, en nettoyant les flancs d’attaque et en détruisant les blindés adverses », explique Marc Chassillan, ingénieur et spécialiste de l’armement terrestre.
Une bonne opération pour Olaf Scholz
De la part de l’Allemagne qui, il y a encore un an, avait pour principe de ne pas livrer d’équipements militaires dans des régions en guerre, le chemin parcouru est considérable. Ces derniers mois, malgré l’envoi d’importantes quantités d’armements aux troupes ukrainiennes, Berlin avait perdu beaucoup de crédit auprès des autorités de Kiev, en opposant systématiquement une fin de non-recevoir à leurs demandes de fourniture de blindés. Cette question a donné lieu à de vifs débats au sein de la coalition d’Olaf Scholz, le chancelier social-démocrate se voyant régulièrement reprocher par ses alliés écologistes et libéraux de se montrer trop timide en matière de livraisons d’armes.
Pour justifier son refus de fournir des véhicules de combat à l’Ukraine, Olaf Scholz répétait, depuis l’automne, que l’Allemagne ne souhaitait pas faire « cavalier seul ». En rendant publique cette nouvelle série de livraisons vingt-quatre heures après l’annonce par Paris de l’envoi de chars légers AMX-10 RC, le chancelier allemand aurait pu donner l’impression d’agir sous la pression de la France. Politiquement, le fait que Berlin et Washington aient fait une annonce commune est plutôt une bonne opération pour Olaf Scholz qui, dans l’affaire, n’apparaît pas dans la roue d’Emmanuel Macron mais comme l’allié privilégié de Joe Biden en Europe. Une analyse réfutée à Paris, où l’on explique que la France n’a pas pour habitude d’annoncer ses livraisons d’armes avec d’autres pays et que l’envoi de blindés a été coordonné entre alliés au sein du groupe de Ramstein, qui réunit une cinquantaine d’Etats fournissant des armes à Kiev.
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lien source : Guerre en Ukraine : l’aide militaire occidentale franchit un nouveau seuil