

Il faut reconnaître à Guy Delisle une certaine expertise en matière de parentalité. Ses albums parlent pour lui. L’auteur de bande dessinée québécois s’est fait principalement connaître grâce à deux ouvrages autobiographiques – Chroniques birmanes (Delcourt, 2007) et Chroniques de Jérusalem (Delcourt, 2011, prix du meilleur album à Angoulême 2012) – dans lesquels on le voit affairé à s’occuper de ses jeunes enfants dans des régions où sa femme, salariée chez Médecins sans frontières, avait été envoyée en mission. Confronté aux réalités du « job de femme au foyer », le dessinateur-papa poule n’avait pas moins tiré de cette expérience des récits documentés (et commentés) sur la vie quotidienne des pays visités et sur leur situation dans le monde – une sorte de géopolitique de la poussette.
De retour en France, Guy Delisle avait alors enchaîné avec Le Guide du mauvais père (Delcourt, quatre tomes, 2013-2018), une série de gags sur la difficulté d’élever ses enfants sans déroger aux grands principes éducationnels. Si les siens, d’enfants, sont grands désormais (19 et 16 ans), le Canadien n’a rien oublié des petits renoncements et des grandes culpabilités de la paternité. Il vient de prêter son concours à la série Donjon Monsters de Lewis Trondheim et Joann Sfar en dessinant son seizième volume, Quelque part ailleurs (Delcourt, 48 pages, 11,95 euros).
La première fois que vous vous êtes senti père…
Devant l’employé municipal de la mairie pour la déclaration de naissance. Ce n’est pas très glorieux, mais c’est la première fois que, devant un étranger, j’expliquais que je venais d’être père d’un enfant.
Avez-vous déjà pleuré devant vos enfants ?
Oui, plusieurs fois. Quand on regarde ensemble des films tristes, je pleure assez facilement. La dernière fois, ça devait être devant Kramer contre Kramer (1979). Il y a aussi eu les moments où j’ai appris la mort de mon père et celle de ma mère. Ça me paraît assez naturel de ne pas cacher ces grands moments de tristesse. Les larmes aussi, ça se partage.
La pire chose que vous ayez dite à votre enfant…
« Allez, bonne nuit, bouboule », alors qu’il venait de me dire qu’il voulait faire un régime. Je lui avais expliqué qu’à son âge, c’était normal d’avoir encore un ventre rond et qu’il ne fallait pas s’en faire avec ça. Juste après ce joli discours rassurant, je n’ai pas pu m’empêcher de l’envoyer au lit avec une blague. Je crois qu’il a compris la plaisanterie, enfin, j’espère…
La pire chose que votre enfant vous ait dite…
« En tout cas, moi, je préfère maman ! », m’a dit un jour ma fille. Elle voulait savoir qui je préférais entre son frère et elle. Je la rassure en lui disant que nous, les parents, sommes dotés d’un amour infini et que nous aimons nos enfants de façon parfaitement égale. Après avoir sagement écouté mon propos, elle me sort cette phrase avec le plus mignon des sourires.
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lien source : Guy Delisle : « Si j’arrive à obtenir plus de deux mots de mes ados, c’est une victoire »