« Il arrive un moment où il faut savoir passer la main. » Par ces mots, Hugo Lloris, 36 ans, a annoncé, lundi 9 janvier, au journal L’Equipe, sa décision de mettre un terme à sa carrière internationale. Le gardien et capitaine de l’équipe de France de football, champion du monde en 2018, détient le record du nombre de sélections avec les Bleus : 145.

« Je préfère sortir en étant au plus haut que d’attendre une baisse de régime, ou la compétition de trop », déclare-t-il, trois semaines après la défaite de la France face à l’Argentine en finale de la Coupe du monde. « Ce n’est pas facile d’annoncer ça, mais, après quatorze années à défendre ce maillot, que j’ai porté avec un immense plaisir, avec fierté, devoir et sens de la responsabilité, je crois que je suis arrivé au bout », affirme Hugo Lloris, qui ajoute avoir « le sentiment d’avoir tout donné » en équipe de France. « J’ai eu la chance, avec ma génération, d’avoir marqué l’histoire du football français et ça, on ne pourra pas me l’enlever ».

Dans cet entretien, le joueur se dit, par ailleurs, optimiste quant au futur des Bleus. « Je pense que, derrière, l’équipe est prête à continuer, il y a également un gardien qui est prêt », dit-il en citant le nom de son successeur désigné dans la cage tricolore, Mike Maignan. Forfait au Qatar, le gardien de l’AC Milan est attendu comme le numéro 1 en équipe de France dans le cadre des prochaines qualifications pour l’Euro 2024, dès le mois de mars.

« Un peu de temps pour ma famille »

Hugo Lloris a aussi dit avoir prévenu – outre le sélectionneur de l’équipe de France, Didier Deschamps – le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, de sa retraite internationale. « Je lui ai envoyé un message », affirme-t-il, précisant ne pas avoir compris les propos du président de la FFF sur Zinédine Zidane : « Je ne sais pas ce qui l’a poussé à s’exprimer comme ça, mais il faut garder du respect pour les joueurs qui, comme Zidane, ont tant donné à l’équipe de France. (…) Ce type de déclaration ne rend service ni au coach, ni au foot. Il ne faut pas diviser autour de l’équipe de France mais rassembler. »

Interrogé dimanche sur RMC pour savoir si l’ex-entraîneur du Real Madrid, considéré comme l’option numéro un à la tête des Bleus en cas de non-renouvellement du contrat de Didier Deschamps, l’avait appelé ces derniers jours, Noël Le Graët s’est montré cassant et désinvolte : « Je ne l’aurais même pas pris au téléphone », a-t-il lâché.

A L’Equipe, Hugo Lloris explique encore avoir besoin d’« un peu de temps pour [lui], pour [s]a famille, pour [s]es enfants ». « Et j’espère que me dégager un peu de temps va me permettre de continuer à jouer au plus haut niveau pendant plusieurs années, et que j’aurai plus de fraîcheur », poursuit le joueur, sous contrat avec le club anglais de Tottenham jusqu’en 2024.

Joueur de tennis avant le football

International depuis 2008, Hugo Lloris s’est vu confier le brassard de capitaine de l’équipe de France en novembre 2010 par l’ancien sélectionneur, Laurent Blanc, qui avait succédé à Raymond Domenech après le fiasco Knysna (Afrique du Sud). Didier Deschamps en a fait un homme de base des Bleus, avec en point d’orgue une finale d’Euro en 2016, le titre mondial en 2018 et une nouvelle finale en Coupe du monde le 18 décembre.

Hugo Lloris s’est maintenu au plus haut durant quatorze saisons et demie, avec des parades remarquables. Dans le livre d’or de l’équipe de France, il apparaît aux côtés des plus grands gardiens, comme Joël Bats et Fabien Barthez. Joueur de tennis avant de se consacrer au football, Lloris n’a pas choisi le poste de gardien par hasard : il y conserve une certaine indépendance, un certain individualisme au sein du collectif. Cette autonomie trouve un prolongement dans sa carrière, qu’il gère sans agent ni conseillers officiels, une rareté.

Le Monde

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