Un tarif passé de 2,40 euros à 2,70 euros, des rubriques aux intitulés modifiés, des cahiers hebdomadaires transformés en newsletters, un journal plus fin de quatre pages trois jours par semaine, des nouveaux dossiers thématiques récurrents… Ces jours-ci, les lecteurs de La Croix voient le quotidien séculaire fondé par la congrégation des Augustins de l’Assomption procéder à plusieurs évolutions. « Pour mieux répondre aux défis de l’époque », a expliqué le journal, jeudi 5 janvier, dans une double page comme il en produit chaque année pour rendre compte à ses lecteurs de ses résultats et orientations. Pour faire face aussi à certaines contraintes économiques, le journal ayant terminé 2022 sur un résultat d’exploitation négatif de 4,1 millions d’euros.

Si les changements mis en œuvre ne sont pas de nature à transformer radicalement le titre, ni même, a priori, à infléchir sa ligne éditoriale, ils se sont accompagnés d’une redistribution des compétences et des postes au sein de la rédaction, effective depuis le début de 2023, qui a généré une grande tension à l’automne. « Deux assemblées générales coup sur coup, on n’avait jamais vu ça », raconte une journaliste qui, comme nombre de ses collègues contactés, ne souhaite pas que son nom soit associé à un propos qui pourrait écorner l’image de son journal.

Au cœur des préoccupations : un nouveau rubriquage, « décidé de manière opaque et qui nous est tombé dessus sans que nous ayons été consultés », ajoute l’un de ses confrères. « Nous avons voulu nous reposer la question des grandes thématiques sur lesquelles nous voulions renforcer notre proposition », justifie Jérôme Chapuis, directeur de la rédaction depuis 2021. La transition écologique et les « ruptures technologiques » (l’intelligence artificielle, l’ordinateur quantique, etc.) ainsi que leurs impacts étant apparus comme des domaines à mieux investir, les services économie (rebaptisé « Eco et transition ») et France ont été soumis à une réorganisation rapide. Sans doute trop.

« Il n’est pas dans l’ADN du journal de connaître des démarches aussi autoritaires », commente Marie Verdier, journaliste au service international. L’une de ses collègues évoque « un effet mille-feuilles », les « intitulés de postes vaporeux » ayant ajouté aux inquiétudes sur l’augmentation de la charge de travail.

Quelques départs

Après avoir dû insister pour obtenir des éclaircissements sur cette réorganisation qui ne disait pas son nom, le comité social et économique (CSE) du groupe Bayard (Notre Temps, La Croix, Le Pèlerin, J’aime lire, etc.) a rendu un avis négatif au terme du processus d’information-consultation. « Pour des questions de méthode plus que de fond », insiste Agnès Duperrin, la déléguée syndicale (CFDT) et secrétaire du CSE, qui reconnaît avoir « voulu signifier, pour une prochaine réorganisation, [qu’ils ne voulaient] pas être court-circuités ».

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lien source : « La Croix », une nouvelle formule source de tensions au sein de la rédaction