Un repas de l’enseigne McDonald’s proposé dans de la vaisselle réutilisable, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le 20 décembre 2022. Un repas de l’enseigne McDonald’s proposé dans de la vaisselle réutilisable, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le 20 décembre 2022.

« Le jetable dans les fast-foods, c’est vraiment fini ! », annonçait sur Twitter, le 6 décembre 2022, le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu. Une référence à l’interdiction de la vaisselle jetable dans la restauration rapide pour les repas pris sur place, une mesure pionnière en Europe entrée en vigueur le 1er janvier. Cette mesure marque une nouvelle étape sur le long chemin vers la sortie du plastique à usage unique, fixée à l’horizon 2040 par la loi antigaspillage de 2020, après l’interdiction des pailles ou des couverts jetables.

Selon les estimations du ministère de la transition écologique, la mesure devrait permettre d’éviter de jeter 20 milliards de couverts, gobelets, assiettes et autres contenants à usage unique, soit environ 150 000 tonnes de déchets par an. Les grandes enseignes de restauration rapide, qui servent environ 6 milliards de repas par an dans 40 000 établissements, sont particulièrement ciblées par la loi – qui s’applique aussi à la restauration collective. L’association Zero Waste France, qui avait poussé cette mesure dès 2017 lors de l’examen du projet de loi antigaspillage, avait calculé que McDonald’s générait plus d’un kilo d’emballage jeté pas seconde.

Exit donc les cornets de frites, les cartons de burgers ou les gobelets pour le soda qui finissent à la poubelle, place à leurs versions réutilisables. En ce premier jour d’application de la loi, la vaisselle jetable résiste encore. Direction porte Dorée, dans le 12e arrondissement à Paris. En ce premier dimanche pluvieux de 2023, les familles ont l’embarras du choix avant ou après une promenade au bois de Vincennes, une visite au parc zoologique de Paris ou une séance au cirque : le McDonald’s et le Burger King se font face, serrés de près par un G’la dalle et d’autres petits fast-foods.

Fin novembre 2022, pour illustrer « les changements [qui] sont à l’œuvre », Emmanuel Macron avait retweeté une photo d’un plateau McDo avec le Coca dans un élégant verre en plastique et les frites dans un contenant en plastique rouge reprenant le design du très reconnaissable cornet de la marque américaine. Le cliché n’a visiblement pas été pris au McDo de la porte Dorée car en ce premier jour de l’entrée en vigueur de la loi, en salle, toute la vaisselle est jetable. « Nous ne sommes pas encore prêts », admet le manageur.

Les « grandes chaînes » doivent « montrer l’exemple »

Même constat chez Burger King : « C’est en cours, mais on va devoir tout casser pour installer un lave-vaisselle », dit la manageuse. Direction G’la dalle (dernier né des fast-foods et déjà une cinquantaine de restaurants en France), juste à côté. Le chef d’équipe, qui souhaite également garder l’anonymat, n’est pas au courant de la nouvelle réglementation : « Hormis les plateaux, ici, tout est jetable. » Et pas de lave-vaisselle à l’horizon. L’information n’est pas arrivée non plus jusqu’au Good Lunch (grec, bun’s, burger, pizza, panini), ni au Lunch Time (sandwichs, paninis, pizzas, burgers, tacos, crêpes). Sans le savoir, les gérants du Lunch Time sont déjà quasiment dans les clous : ils servent leurs frites dans des paniers en acier, les pizzas dans des assiettes et les couverts sont en Inox. Il leur faudra seulement troquer leurs gobelets en carton par des verres. « On le fera, il le faut pour protéger la nature », assurent-ils.

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lien source : Le jetable dans les fast-foods, c’est (presque) fini