La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a débouté, mardi 20 décembre, le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour. Elle valide ainsi sa condamnation par la justice française pour « provocation à la discrimination, à la haine » envers la communauté musulmane, après des propos tenus sur France 5 en 2016.

« La Cour considère que l’ingérence dans l’exercice par le requérant de son droit à la liberté d’expression était nécessaire dans une société démocratique afin de protéger les droits d’autrui », explique la CEDH. Celle-ci estime que la décision de la justice française, tout en constituant effectivement une atteinte à la liberté d’expression du candidat à la dernière élection présidentielle, était légitime et n’a pas à être remise en cause.

Lors de l’émission « C à vous » diffusée le 6 septembre 2016 sur France 5, Eric Zemmour avait affirmé qu’il fallait donner aux musulmans « le choix entre l’islam et la France ». Selon lui, la France vivrait « depuis trente ans une invasion ». Il avait également affirmé que « dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées » se jouerait une « lutte pour islamiser un territoire », « un djihad ».

Plusieurs fois condamné

Il avait été condamné en première instance par le tribunal correctionnel de Paris à 5 000 euros d’amende pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une religion ». La peine avait été réduite à 3 000 euros en appel en mai 2018. La Cour de cassation avait ensuite rejeté son pourvoi en septembre 2019.

La CEDH, bras judiciaire du Conseil de l’Europe, « considère que ces propos ne se limitaient pas à une critique de l’islam mais comportaient, compte tenu du contexte d’attentats terroristes dans lequel ils s’inscrivaient, une intention discriminatoire de nature à appeler les auditeurs au rejet et à l’exclusion de la communauté musulmane ».

« Compte tenu de la marge d’appréciation de l’Etat en l’espèce, et de la condamnation du requérant au paiement d’une amende d’un montant de 3 000 euros qui n’est pas excessif, la Cour est convaincue que l’ingérence litigieuse [dans le droit à la liberté d’expression d’Eric Zemmour] était proportionnée au but poursuivi », a également estimé la CEDH.

Le recours d’Eric Zemmour devant la CEDH pouvait paraître paradoxal alors que le polémiste a fustigé par le passé « ces juges qui foulent aux pieds la démocratie », prenant pour cible, entre autres, la CEDH. « Au nom de l’Etat de droit, les juges, que les médias appellent les sages, c’est-à-dire la Cour européenne des droits de l’homme, la Cour de justice européenne et le Conseil constitutionnel, imposent leur idéologie au pouvoir politique », pointait-il en octobre 2018 dans un entretien accordé au Point.

Eric Zemmour a déjà été condamné plusieurs fois par la justice. Le 18 février 2011 pour « provocation à la discrimination raciale », après avoir déclaré que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça », sur le plateau de Thierry Ardisson, sur Canal+, en mars 2010. Le 17 janvier 2022 pour « provocation à la haine et à la violence » et « injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur origine » après ses propos en novembre 2020 sur les mineurs isolés « voleurs », « violeurs » et « assassins ».

Il a de nouveau été condamné, le 4 mars 2022, mais cette fois pour « contrefaçon de droit d’auteur », après la diffusion de son clip de candidature, le 30 novembre 2021, où il avait utilisé nombre d’extraits de films sans aucune sorte d’autorisation.

Le Monde avec AFP

lien source : Le recours d’Eric Zemmour à la suite de sa condamnation pour « provocation à la discrimination » rejeté par la CEDH