
Le coup de colère de Muriel Pénicaud qualifiant d’« erreur économique et sociale » la réforme du compte personnel de formation n’a pas fait les gros titres. Il est pourtant symptomatique de l’évolution de la politique sociale d’Emmanuel Macron d’un quinquennat à l’autre. Nommée, en mai 2017, ministre du travail, l’ancienne directrice générale des ressources humaines du groupe Danone s’était fortement investie dans la réforme de cet outil qui permet à toute personne active d’acquérir des droits à la formation et de les mobiliser à des moments clés de son parcours professionnel.
En créant un système de crédit en euros – et non plus en heures –, en l’adossant à une plate-forme en ligne ouvrant la voie à un large éventail de titres, de diplômes et de certifications, le gouvernement de l’époque voulait rendre chaque bénéficiaire maître de sa vie professionnelle. Cette libéralisation a tellement bien réussi que cinq ans plus tard, sur fond d’envolée des dépenses et des offres de formation pas toujours très sérieuses, l’exécutif s’est cru obligé de mettre un verrou au dispositif : désormais, à moins d’être chômeur ou de s’être mis d’accord avec son employeur, il faudra payer un peu de sa poche pour financer sa formation (le montant exact n’est pas encore précisé).
Là où le gouvernement y voit une manière de responsabiliser les utilisateurs, l’ancienne ministre y lit une remise en cause préoccupante du droit acquis à gérer librement sa formation. Muriel Pénicaud se montre particulièrement inquiète pour les catégories populaires qui risquent d’être découragées par l’institution d’un reste à charge. « Aujourd’hui, 80 % des bénéficiaires sont des ouvriers et des employés, la moitié sont des femmes et 20 % sont des plus de 50 ans », a-t-elle répété la semaine dernière dans de nombreux médias.
La nouvelle approche qui prévaut à propos du compte personnel de formation est parfaitement duplicable à la réforme des retraites. En 2017, il s’agissait de donner naissance à un nouveau système, la retraite par points, dont la finalité revendiquée était de permettre à chacun de maîtriser son destin. Présentée pendant la campagne présidentielle comme une promesse d’émancipation, la fusion des quarante-deux régimes existants en un seul était supposée ne faire que des gagnants et permettre à chacun de choisir son âge de départ à la retraite, en fonction du nombre de points acquis.
Alignement et normalisation
Lorsque la réforme s’est précisée, en 2019 et 2020, le mythe s’est effondré : les perdants, car il y en avait, se sont bruyamment manifestés. Et l’irruption d’un âge pivot sans lequel le système ne pouvait être équilibré est venue à bout de l’idée de libre choix.
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lien source : « Le volontarisme que déploie Emmanuel Macron n’a pas faibli mais un ressort s’est cassé, un fossé s’est creusé »