Nigel Farage le 26 décembre au château de Chiddingstone, dans le Kent. Nigel Farage le 26 décembre au château de Chiddingstone, dans le Kent.

Party de chasse

Il a l’air anglais. Il a l’air ­d’aimer la bière. Il a même l’air plutôt sympa. Et ­pourtant… Ce monsieur s’appelle Nigel Farage. Figure de l’extrême droite anglaise, grand artisan du Brexit, il consacre sa vie à lutter contre l’immigration et à défendre les traditions menacées, selon lui, par Bruxelles et le « wokisme ». Cette année, comme presque tous les ans, il a passé le lendemain de Noël au château de Chiddingstone, dans le Kent, où les amateurs de chasse à courre aiment se retrouver pour réclamer la réhabilitation de la pratique, interdite au Royaume-Uni depuis 2005.

Millésime royal

Pour l’occasion, Farage avait revêtu sa panoplie de parfait Anglais. Il arborait une veste Barbour en coton huilé – probablement la Bedale, vieille de quelques années, à en juger l’usure au niveau des manches. Pour la dater, il faudrait regarder l’étiquette intérieure de ladite veste. La marque anglaise a bénéficié de trois royal warrants (mandats royaux) au cours de son histoire, en 1974, 1982 et 1987. À chaque fois, elle a pu ajouter un crest (écusson) authentifiant son statut de fournisseur de la cour. Les Barbour ne présentant aucun de ces trois crests ont donc été ­fabriqués avant 1974.

Laine en tête

Nigel Farage avait choisi de porter une flat cap, ou « casquette plate », s’appropriant ainsi un autre pan de l’histoire anglaise. En 1571, le Parlement local décida de booster le commerce et la production de laine dans le pays en obligeant tous les hommes âgés de plus de 6 ans à porter un couvre-chef les dimanches et les jours de fête, au risque d’encourir une amende de 0,75 cent. C’est ainsi, en l’espace de quelques années seulement (la loi fut abolie vingt-six ans après son instauration), que la casquette plate devint l’un des piliers de la garde-robe masculine anglaise.

Suivez le tweed

Ce jour-là, Farage avait également opté pour des pièces réalisées dans les tissus les plus rustiques, et les plus anglais, qui soient. Comme sa casquette, son blazer était taillé dans un très classique tweed de chasse, au motif carreaux de fenêtre (le couple à sa droite et l’homme derrière lui ont fait le même choix) ; sa chemise était confectionnée dans un tissu à petits carreaux dit tattersall, du nom du marché aux chevaux londoniens où il fut d’abord vendu, au XVIIIsiècle. Et en bas ? La probabilité que l’homme ait porté autre chose qu’un pantalon en velours marron est extrêmement faible.

Brassage Nord-Sud

Enfin, notons que Nigel Farage, en parfait Anglais, tenait en main une bière, et pas n’importe laquelle. En l’occurrence, cette typologie de bière de fermentation haute appelée brown ale est l’une des grandes fiertés du pays. C’est à Londres, au XVIIsiècle, que les brown ales furent mises au point, avant de s’imposer dans le pays, non sans préserver quelques particularismes géographiques. Ainsi, les brown ales du Sud restent plus foncées, plus sucrées et plus riches en alcool que leurs cousines du Nord. Comme en témoigne, vraisemblablement, ce sourire idiot.

lien source : Nigel Farage en parfait Anglais, c’est peut-être un détail pour vous…