
Hiver 1995. Olivier Dussopt a 17 ans. Il est communiste. Enfin, il pense l’être – quelques livres de Karl Marx lui ont servi de formation express. Quoi de plus naturel pour ce fils d’ouvriers d’Annonay, petite ville du nord de l’Ardèche, où ses parents alternent chômage et emplois précaires ? Quand le premier ministre, Alain Juppé, envisage d’administrer une cure de rigueur au système de protection sociale en rabotant notamment les régimes spéciaux de retraite, le lycéen sort dans la rue de sa commune au côté des manifestants pour protester.
Automne 2007. Olivier Dussopt a 29 ans. Il est socialiste. Le jeune homme est, depuis juin, le benjamin de l’Assemblée nationale. Il fraie avec l’aile gauche du PS, menée par Benoît Hamon. Quand le président de la République, Nicolas Sarkozy, envisage de reporter à 62 ans l’âge de départ à la retraite, le député s’insurge et signe une tribune dans Les Echos pour affirmer que « garantir le droit à une retraite correcte à 60 ans paraît une évidence ».
Hiver 2022. Olivier Dussopt a 44 ans. Il est macroniste. Après avoir occupé les postes de secrétaire d’Etat à la fonction publique et de ministre délégué aux comptes publics dans le quinquennat précédent, le voici chargé, depuis mai, du ministère du travail, rue de Grenelle. Là où son ancien mentor, Martine Aubry, instaura les 35 heures et la couverture maladie universelle – deux révolutions bénéfiques à sa propre famille, raconte-t-il souvent. Quand Emmanuel Macron lui a proposé de porter la réforme des retraites promise pendant sa campagne présidentielle, il n’a pourtant pas hésité.
Parvenu à l’âge de raison politique
Le 10 janvier, Olivier Dussopt sera au côté de la première ministre, Elisabeth Borne, pour présenter ce projet du gouvernement. Annonceront-ils un report de l’âge légal de départ à 64 ou 65 ans ? Un allongement de la durée de cotisation ? Les deux ? Certes, le coup de bâton devrait s’accompagner d’une ou plusieurs carottes, sur la revalorisation des pensions minimales ou sur une meilleure prise en compte des carrières longues et de la pénibilité. Mais il y a fort à parier que ce tour de vis aurait conduit, hier, le même Olivier Dussopt à descendre dans la rue.
Comment l’expliquer ? L’intéressé raconte avoir atteint l’âge de raison politique, après deux mandats de maire d’Annonay et cinq années au gouvernement. « L’exercice des responsabilités vous amène à être moins radical, à mieux tenir compte de la réalité, se défend le ministre du travail. Nous évoluons dans un environnement de contraintes. »
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lien source : Olivier Dussopt, perdu pour la gauche