Un ouvrier emporte une salamandre géante du marché de Huanan, qui a été fermé en raison de son lien avec les premiers cas de Covid-19, à Wuhan (Chine), le 27 janvier 2020.
Accusations de mauvaise foi, de manipulation ou de conflits d’intérêts : trois ans et 17,8 millions de morts après le départ de l’épidémie de Covid-19 dans la ville de Wuhan, en Chine, le débat sur les origines du virus SARS-CoV-2 tourne à l’aigre, y compris dans la communauté académique. Sur les réseaux sociaux, où une part de la discussion se tient publiquement, hors du cadre des revues savantes, de distingués professeurs et directeurs de recherche s’empoignent avec d’autant moins de ménagement qu’aucun consensus ne s’est, jusqu’à présent, imposé.
« Débordement zoonotique » naturel apparu sur le marché de Huanan, à Wuhan, par le biais d’animaux contaminés ? Accident de laboratoire – avec ou sans manipulation préalable –, survenu précisément dans une ville qui concentre des recherches parfois risquées sur les coronavirus de chauves-souris, financées en partie avec des fonds américains ? Loin d’être tranchée, la controverse a en outre pour toile de fond une forte polarisation (géo)politique, l’ancien président des Etats-Unis Donald Trump s’étant fait, dès le départ, le champion de la thèse de la fuite de laboratoire du « virus chinois ».
La probabilité que Pékin œuvre à la résolution de l’énigme est faible. En Chine, la position officielle exclut l’une et l’autre des deux hypothèses qui l’incriminent pour leur préférer celle – politiquement commode, mais hautement improbable – d’une origine étrangère de la maladie, importée dans le pays par le biais d’aliments surgelés. Retour sur quelques points d’achoppement de trois années de débats acharnés.
Le marché, source ou amplificateur ?
Pour certains, c’était presque la fin de la controverse : deux études internationales, publiées fin juillet 2022 dans la revue Science, ont été accueillies par une partie de la communauté savante comme des éléments de preuve majeurs et complémentaires en faveur d’une origine zoonotique du SARS-CoV-2, avec le marché de Huanan, à Wuhan, comme point de départ de l’épidémie. La première a notamment consisté à dater et à localiser les 155 premiers cas de Covid-19 répertoriés dans la ville de Wuhan, tous identifiés dans le courant du mois de décembre 2019. Elle conclut à une répartition globalement centrée sur le fameux marché. Ce n’est pas tout : les premiers cas humains répertoriés dans son enceinte se situent dans l’aile ouest, où se trouvaient aussi des animaux vivants.
La seconde étude enfonce le clou. A partir des données de séquençage disponibles, elle indique que deux lignées virales distinctes, baptisées « A » et « B », ont circulé de manière précoce, suggérant le scénario de deux franchissements successifs de la barrière d’espèce, à partir d’un même réservoir animal.
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lien source : Origine du SARS-CoV-2 : le jeu de piste continue