Notre système scolaire est le symbole le plus vif et le pilier essentiel de notre République. Depuis la fin du XIXe siècle, le travail des professeurs, le maillage des écoles, l’élaboration des programmes ont permis à des générations d’enfants de devenir des citoyens éclairés. Cette réalité s’est étendue progressivement à un nombre croissant d’élèves : les enfants du peuple sont entrés au collège, puis au lycée.

L’éducation nationale est une formidable institution, bien éloignée de la fameuse caricature du « mammouth ». L’engagement de ses personnels est remarquable : au quotidien pour faire progresser les élèves ; lors de la crise sanitaire en préservant la mission d’éducation contre vents et marées ; face aux grands enjeux de notre monde, aux mutations de la société, à la remise en cause du principe de laïcité, aux demandes multiples de l’institution, des élèves, des parents, parfois face aux pressions et aux menaces.

Et pourtant, les constats sont durs. Ils concernent la crise du recrutement des professeurs, plus aiguë lors de chaque rentrée. Ils concernent le niveau des élèves, dont les comparaisons internationales révèlent les lacunes préoccupantes. Ils reflètent également l’expérience quotidienne des établissements, où les horaires annuels dans chaque discipline peinent à être couverts. Ils conduisent à la défiance générale, marquée par la montée en puissance du secteur privé et par le scepticisme exprimé d’une partie des parents. Un Français sur deux ne fait pas confiance à l’institution scolaire, bien que les trois quarts d’entre eux fassent confiance aux professeurs. A l’heure où pourtant le système scolaire conduit 80 % des élèves au bac, les Français doutent encore massivement de notre école.

Il y a bientôt quatre-vingts ans, le ministre de l’éducation nationale, Jean Zay, arrêté et incarcéré par le gouvernement de Vichy, se demandait de quoi « l’enseignement humaniste » avait manqué, en rigueur, en force de conviction, en fermeté, pour être ainsi battu par le fascisme. Depuis sa cellule, il en appelait à un « équilibre nécessaire entre la générosité de [notre] tradition culturelle et les nécessités vitales du monde moderne ».

Aujourd’hui, en des temps moins tragiques, nous devons d’une façon renouvelée défendre l’humanisme de notre école, pour former les citoyens de demain, tout en la rendant suffisamment efficace pour répondre aux besoins du pays, dans le contexte des bouleversements climatiques et du retour de la guerre sur le territoire européen. Nous avons plus que jamais besoin de connaissances solides, de raisonnements éclairés, pour tous.

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lien source : Pap Ndiaye : « Pourquoi nous devons réformer l’école »