

Dans la cour centrale de l’université Paris VIII à Saint-Denis, les étudiantes font la moue. Eva, en master 2 de science politique, fait non de la tête : « Je n’ai jamais vu de distributeurs dans la fac, je ne crois pas qu’il y en ait. » Même constat pour Mahel en licence de psychologie, ou encore Bénédicte en première année d’info-com, qui n’ont jamais entendu parler du dispositif. Et pourtant : nichés dans les toilettes à proximité du restaurant universitaire, deux distributeurs de tampons et de serviettes sont bien accrochés au mur.
En février 2021, Frédérique Vidal, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, avait annoncé le déploiement de 1500 distributeurs dès la rentrée 2021 dans les restaurants et résidences universitaires gérés par les Crous. Si la mesure se voulait être une réponse rapide et concrète à la précarité menstruelle étudiante, en particulier dans un contexte post-confinement où bon nombre de jeunes avaient perdu leur emploi, les retours sont aujourd’hui mitigés.
Plus d’un an après leur mise en place, les acteurs associatifs pointent du doigt un « manque de moyens ». Dans les faits, ce sont 1036 distributeurs qui ont été installés, et non 1500. « Je ne me souviens pas de cette annonce, mais ce qui est certain c’est que nous avons respecté pleinement ce qui était attendu de nous, répond Dominique Marchand, présidente du Cnous, qui chapeaute les 26 Crous en charge de gérer le dispositif à l’échelle régionale. Au total, 717 distributeurs ont été installés dans les 708 résidences, et 319 dans les 204 lieux de restauration. Cela correspond à environ 1 million d’euros de dépenses cette année. Pour 2023, 2 millions de crédits spécifiques sont prévus par le ministère. »
Avec ce budget, depuis la rentrée 2021, 12 millions de tampons et de serviettes ont été distribués, sans compter les dons ponctuels d’entreprises ou d’associations. Mais la mise en place des distributeurs ne correspond pas aux usages quotidiens des étudiants selon l’association Règles élémentaires, qui lutte contre la précarité menstruelle. « Tous les étudiants en situation de précarité n’ont pas forcément accès aux restaurants universitaires qui peuvent être situés en dehors des campus », regrette Justine Okolodkoff, responsable des contenus et de la sensibilisation au sein de l’association.
Arwen raconte avoir découvert ces distributeurs « en allant à la laverie de [sa] résidence ». En première année de licence à Paris, elle dispose d’une bourse de 513 euros par mois. « Mes parents m’aident en payant mon loyer, mais comme j’ai des flux abondants, j’achète des serviettes pour la nuit qui coûtent plus cher ». Les distributeurs ne répondent pas à ses besoins, puisque « le stock de serviettes est toujours vide ». Pour Sophia, étudiante en licence de psychologie à Strasbourg, c’est le même constat : « Dans le distributeur de ma laverie, il n’y a que des tampons, et je ne suis pas à l’aise avec. » L’étudiante, qui vit avec 421 euros de bourse, partage donc les frais avec son copain : « Puisque je porte la charge contraceptive dans notre couple, il a voulu m’aider, et paye chaque mois la moitié de mes protections. »
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lien source : Précarité menstruelle : dans les Crous, les distributeurs de protections périodiques peinent à trouver leur public