

Dans quelle mesure le Qatar est-il parvenu à peser sur la démocratie européenne ? C’est la question qui se pose avec les révélations qui se succèdent depuis le 9 décembre sur le schéma de corruption de députés européens mis en place au profit de l’émirat.
Dans un texte adopté après le scandale, le Parlement européen s’est inquiété que les décisions qu’il a adoptées récemment à l’égard du Qatar « soient susceptibles d’avoir été indûment altérées par des faits de corruption et par des influences indues ».
A ce stade, seuls cinq noms d’eurodéputés suspectés ont fuité dans la presse : la Grecque Eva Kaili, les Belges Marc Tarabella et Marie Arena et les Italiens Alessandra Moretti et Andrea Cozzolino. Tous sont membres du groupe de gauche modéré Socialistes & démocrates (S&D). Pourtant, ils sont loin d’être les seuls à avoir pris des positions conciliantes à l’égard du Qatar au cours des derniers mois, comme on peut le constater en analysant les résultats des votes au Parlement européen.
Corruption ou réflexe grégaire ?
Le 21 novembre, un débat est organisé à Strasbourg sur la situation des droits de l’homme au Qatar, à la veille de l’ouverture de la Coupe du monde. Ne souhaitant pas se contenter d’une simple discussion, l’eurodéputée « insoumise » Manon Aubry propose à ses collègues de voter une résolution, c’est-à-dire un texte politique qui synthétise la position du Parlement européen sur le sujet. L’idée est approuvée grâce à une coalition de la gauche radicale, des Verts et des centristes.
Mais elle est largement rejetée (à 86 %) par le groupe de gauche S&D. Cela fait-il peser le soupçon de la corruption sur les soixante-treize élus qui ont voté contre la proposition de Mme Aubry, ou qui se sont abstenus ? Pas nécessairement, expliquent plusieurs bons connaisseurs du Parlement européen, qui insistent plus volontiers sur le réflexe grégaire de certains députés.
« Nous avons reçu pour consigne de groupe de voter contre », raconte Raphaël Glucksmann (Place publique). Si l’élu français a décidé de désobéir à cette discipline partisane, la plupart de ses collègues S&D ont suivi la consigne de vote, à l’image du socialiste français Eric Andrieu, qui explique avoir respecté « la ligne fixée au sein du groupe », même s’il le regrette « avec le recul ».
Un influent député italien
Par qui cette « ligne » a-t-elle été définie ? Beaucoup d’indices conduisent vers l’eurodéputé Andrea Cozzolino, aujourd’hui suspendu du groupe car suspecté d’avoir été corrompu par le Qatar. Cet élu italien disposait d’une forte influence dans le groupe S&D, puisqu’il était responsable des « résolutions d’urgence », ces textes d’actualité votés régulièrement par le Parlement pour prendre position sur les questions de politique étrangère ou de violation des droits.
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lien source : « Qatargate » : derrière les soupçons de corruption, des questions sur les votes des eurodéputés