Mettre une réforme des retraites en tête de l’agenda en 2023 est malvenu : le système des retraites sera excédentaire de 3 milliards d’euros en 2022, son évolution est contrôlée. Rien ne le justifie, sinon un objectif politique : montrer la capacité d’Emmanuel Macron à réduire les dépenses sociales. Des questions comme la situation des services publics, la réindustrialisation et la transition écologique sont plus cruciales.

Le système français de retraite est actuellement satisfaisant. Les retraités bénéficient d’un niveau de vie équivalent à celui des personnes en activité. Le taux de pauvreté des personnes âgées est nettement plus faible que celui de l’ensemble de la population. Le taux de remplacement du salaire par la retraite est plus élevé pour les bas que pour les hauts salaires, de l’ordre de 85 % contre 60 %. L’âge ouvrant le droit à une retraite à taux plein est légitimement plus élevé pour ceux qui ont commencé à travailler plus tard, ce qui compense, en partie, les différences d’espérance de vie.

Jusqu’à présent, malgré les réformes passées, le niveau de vie relatif des retraités a été préservé en moyenne, de plus en plus de femmes ayant effectué une carrière complète et ayant droit à une retraite satisfaisante. Toutefois, depuis 2015, le ratio entre pensions et salaires se dégrade et le taux de pauvreté des retraités augmente. Depuis 2017, de nombreux retraités ont subi une baisse de 9,6 % de leur pouvoir d’achat, en raison de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) et de la sous-indexation des pensions.

Pas de risque de faillite

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) se livre, chaque année, à un exercice hors-sol, une projection des retraites jusqu’en 2070, en maintenant les règles actuelles, et sans tenir compte des inflexions qu’imposera la transition écologique.

Du fait des réformes passées, l’âge moyen de départ à la retraite passerait de 62,3 ans en 2021 à 64 ans dès 2035, mais le ratio retraités-actifs augmenterait de 28 %. Dans l’hypothèse centrale (hausse de 1 % par an de la productivité du travail, taux de chômage à 7 % de la population active), la part des retraites dans le produit intérieur brut (PIB), 13,8 % en 2021, n’augmenterait que jusqu’à 14,5 % en 2032, avant de diminuer à 14,1 % en 2050.

Les déficits projetés sont de l’épaisseur du trait : 0,45 % du PIB par an en moyenne dans les vingt-cinq années à venir, si l’Etat ne réduit pas ses subventions aux régimes de retraites ; 0,15 %, si le taux de chômage baisse à 4,5 %. Ils pourraient être financés par la réduction des exonérations de cotisation sociales, par les excédents de l’Unédic ou par la fin du remboursement de la dette sociale.

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lien source : Réforme des retraites : « Une hausse brutale de l’âge de départ frapperait les ouvriers en particulier »