Le climatologue Robert Vautard, à Paris, le 21 novembre 2017. Le climatologue Robert Vautard, à Paris, le 21 novembre 2017.

Pour Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace, l’été 2022, exceptionnellement chaud et sec, était « relativement prévisible ». Le climatologue, directeur de recherche au CNRS, met en garde pour 2023, estimant que les précipitations des prochaines semaines seront déterminantes pour l’approvisionnement en eau de certaines régions au cours de l’été à venir.

Comment qualifier la situation météorologique que nous connaissons actuellement en France ?

Nous vivons depuis la toute fin de l’année 2022 des conditions de températures absolument record, généralisées sur l’ensemble du territoire métropolitain, à l’exception peut-être de quelques territoires du Sud-Est.

En particulier, les températures nocturnes sont extrêmes pour la saison. Elles sont montées à une vingtaine de degrés vers 22 heures dans le Sud-Ouest. C’est tout à fait exceptionnel. Bien sûr, il est normal qu’au pied des Pyrénées on puisse avoir des coups de foehn, avec des vents chauds et secs qui descendent de la montagne et réchauffent l’atmosphère, mais nous ne sommes pas dans cette configuration : nous sommes dans une situation où les records pour une fin décembre, de l’ordre de 15 °C à 20 °C, sont battus dans de multiples villes, et par endroits de 2 degrés ou plus.

Y a-t-il un lien, une continuité, entre cette situation hivernale exceptionnelle et l’été caniculaire qui a frappé l’Europe ?

Non, il n’y a pas de lien véritablement de causalité entre les deux, dans le sens où ce n’est pas la chaleur extrême de cet été qui a conditionné la douceur extrême de cet hiver.

Mais il ne faudrait pas pour autant penser que l’année qui s’achève n’est qu’une année folle et que les choses vont ensuite redevenir « normales ». Car s’il n’y a pas de lien de causalité entre l’été passé et l’hiver actuel, ces deux phénomènes ont malgré tout une cause commune, qui est le changement climatique : l’énergie qui est apportée par le Soleil à la Terre est de plus en plus piégée par l’effet de serre, et s’accumule en grande partie dans les océans. Ces derniers sont plus chauds et par conséquent les masses d’air qui viennent de l’Atlantique sont aussi plus chaudes. C’est ce qui nous fait passer, dans la même configuration atmosphérique, par exemple, de 16 °C à 18 °C.

La séquence météorologique de cette année, avec un hiver exceptionnellement doux succédant à un été hors norme, était-elle prévisible ?

La séquence en elle-même est très difficilement prévisible, mais n’est pas surprenante en tant que telle. Le premier élément à avoir à l’esprit est que le déficit de précipitations sur la France s’est installé dès le début de l’année 2022.

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lien source : Robert Vautard, climatologue : « Nous vivons depuis la toute fin de l’année 2022 des conditions de température absolument record »