Santa Claus (Alain Chabat) dans « Santa & Cie », d’Alain Chabat. Santa Claus (Alain Chabat) dans « Santa & Cie », d’Alain Chabat.

Harry Baur (L’Assassinat du Père Noël, 1941), Edmund Gwenn (Miracle sur la 34e rue, 1947), David Huddleston (Santa Claus, the Movie, 1985), Tim Allen (Super Noël, 1994), ­Edward Asner (Elfe, 2003), Billy Bob Thornton (Bad Santa, 2003) : à chaque approche des ­frimas, il ­suffit de donner un coup de pied dans le sapin planté devant le ­cinéma pour qu’il en tombe des Pères Noël par milliers (ou presque).

En cette année 2017, le livreur de jouets s’appelait Alain Chabat. Il a beau être francophone, il ne s’appelle pas Noël, mais Santa, parce que son créateur et interprète est obsédé depuis ses débuts par la « classe américaine ». C’est donc à la version états-unienne du mythe (elfes, usine à jouets, rennes…) que le réalisateur de Sur la piste du Marsupilami a eu recours.

En plus d’être vert, le Santa de Chabat est aussi empoté, ce qui ne l’aide pas à faire face à l’accident industriel qui survient à quelques jours de Noël : ses milliers d’elfes (tous incarnés par Bruno Sanches et Louise Chabat, numériquement clonés) tombent en catalepsie. Madame Santa (Audrey Tautou) doit user de toute son autorité pour forcer son époux à partir en traîneau vers le monde réel, afin d’y trouver les vitamines qui ramèneraient les elfes à la vie.

Désinvolte assurance

Les échanges entre Monsieur et Madame trouvent le juste milieu entre la caricature du vieux couple (qui compte le temps en fenêtres qu’on ouvre sur le calendrier) et la fantaisie ­absurde. L’épouse serait presque aigrie si elle n’avait si bon cœur, son mari rachète – pas tout à fait – son immaturité et sa paresse par son imagination et sa faculté d’émerveillement.

Et il en faut, lorsque le traîneau du Père Noël échoue boulevard de Clichy, sur le toit du Moulin-Rouge. A Paris, on attend la neige sans plus trop y croire, des dizaines de confrères, mercenaires à barbe de coton hydrophile, vêtus de rouge, battent le pavé (réjouissante et fugace apparition de Jean-Pierre Bacri), et Santa ne se distingue du tout-venant que par ses rennes volants, son polyglottisme et sa connaissance exhaustive du prénom de tous les enfants.

Pour les adultes, le charme du film tient en bonne partie à la désinvolte assurance avec laquelle Alain Chabat égrène les gags sur des sujets sérieux : le réchauffement de la planète, la méfiance (pour rester poli) vis-à-vis des étrangers, l’omniprésence policière en ville… Une réplique, un plan, à la rigueur une courte séquence, la satire est administrée à doses homéopathiques.

L’important, pour le metteur en scène, est ailleurs : cocher les cases de sa liste de Noël. Il y aura donc une famille ordinaire touchée par la grâce (papa Pio Marmaï, maman Golshifteh Farahani), des quiproquos qui permettront à un policier obtus (Grégoire Ludig) de reprendre contact avec l’enfant qui est en lui, et une poursuite finale sous les ponts de Paris et au-dessus des Champs-Elysées.

lien source : « Santa & Cie », sur France 2 : Alain Chabat en Père Noël vert, immature et empoté