Serge July en septembre 2013. Serge July en septembre 2013.

Un retour très symbolique à Libération : son cofondateur et l’une de ses figures historiques, Serge July, 80 ans, revient au quotidien de gauche comme chroniqueur politique, dix-sept ans après l’avoir quitté, a annoncé la direction vendredi 6 janvier.

« Figure centrale du journalisme français, grand observateur de la scène politique depuis des décennies, auteur de biographies passionnées et passionnantes, documentariste multiprimé, Serge écrira des billets dans la page Editos à partir du 23 janvier », écrit le directeur de Libé, Dov Alfon, dans un message interne consulté par l’Agence France-Presse.

Poussé vers la sortie en 2006

Grande gueule, accent faubourien, mèche noire et lunettes, M. July a cofondé Libération avec le philosophe Jean-Paul Sartre en 1973 et l’a incarné pendant plus de trente ans. D’abord porte-parole des luttes sociales, le journal devient, sous l’influence de son charismatique directeur, le décrypteur de nombreux phénomènes de société et le quotidien de référence de la gauche. Il adopte pour cela un ton plus informatif et s’éloigne du gauchisme de ses débuts. Personnage du monde politico-médiatique, M. July a même eu droit à sa marionnette chez les « Guignols » de Canal+ dans les années 1990.

Après la période de gloire de la fin des années 1980, où les ventes frôlent les 200 000 exemplaires quotidiens, Serge July est contraint de quitter Libé en juin 2006, poussé vers la sortie par l’actionnaire de référence de l’époque, Edouard de Rothschild. On lui reproche d’avoir tardé sur une relance du journal. « Le chef d’orchestre que j’ai été vous dit adieu, le journaliste aussi, infiniment triste de ne plus pouvoir écrire ici », déclare-t-il alors devant sa rédaction.

Dov Alfon annonce d’autres arrivées à Libé, dont celles de l’écrivaine et chanteuse Lola Lafon et de la géographe Magali Reghezza-Zitt, désormais chroniqueuses au service Idées.

De 2014 à 2020, le journal a vécu sous l’égide du groupe Altice, dirigé par le milliardaire Patrick Drahi, qui l’a ensuite transféré à un fonds destiné à garantir son indépendance, le Fonds de dotation pour une presse indépendante (FDPI). En septembre 2022, le magnat tchèque Daniel Kretinsky (par ailleurs actionnaire indirect du Monde) a renfloué Libération à hauteur de 15 millions d’euros pour l’aider à retrouver son équilibre, prévu en 2026. D’après l’ACPM (Alliance pour les chiffres de la presse et des médias), Libé s’est écoulé à 93 000 exemplaires par jour sur la période 2021-2022, soit une hausse de 11,14 % par rapport à 2020-2021.

Le Monde avec AFP

lien source : Serge July de retour à « Libération »