Tour-de-Faure, dans la basse vallée du Lot et le Parc naturel régional des Causses du Quercy, où un parc solaire est en projet. 

« Bousiller 7 000 arbres en les arrachant sur une zone fréquentée par des randonneurs, des gens à cheval ou à dos d’âne, des biches et des sangliers me rend malade », s’émeut Marie Cordié Levy. La construction par TotalEnergies d’un parc solaire sur le lieu-dit le Carteyrou, au nord de Tour-de-Faure, village lotois de 400 habitants situé entre les vallées du Lot et du Célé, n’est pas au goût de cette professeure d’anglais à la retraite. Furieuse, elle a fondé le Collectif environnemental Lot-Célé pour protester contre l’installation de cette centrale photovoltaïque de 44 300 panneaux, qui s’étendra sur une surface de 19,15 hectares divisée en trois zones clôturées et sur laquelle pelouse sèche, cèdres de l’Atlas, pins noirs d’Autriche et chênes ont pris racine. Raccordée au réseau électrique national, situé à Cajarc, par 18 kilomètres de lignes enfouies dans le sol, elle produira 23 625 mégawattheures (MWh) d’électricité par an.

« Une énorme verrue »

L’enquête publique a été réalisée du 31 août au 15 octobre, et il appartient désormais à Mireille Larrède, la préfète du département, de se prononcer sur ce projet. Les travaux pourraient démarrer dès 2023. Et la mise en service serait prévue pour 2025. « C’est un endroit ravissant et magique, un spot depuis lequel on a une belle vue sur la campagne. J’y vais tout le temps avec mes petits-enfants », poursuit, avec regret, Marie Cordié Levy, qui a lancé une pétition pour l’abandon du projet, qui a recueilli plus de 650 signatures.

Antoine Drion est également réfractaire au projet. Ce Franco-Irlandais installé sur la commune voisine de Saint-Martin-Labouval, située à 650 mètres à vol d’oiseau de la future centrale photovoltaïque, craint une baisse de la fréquentation de ses chambres d’hôtes. « Mon activité est liée à la nature. Ma clientèle, qui vient pour Saint-Cirq-Lapopie [bourg médiéval labellisé Grands sites Occitanie] et le Causse, aime marcher. Or, il va y avoir une énorme verrue au cœur de cette zone touristique lotoise », s’irrite M. Drion, qui tient à conserver les monuments historiques du lieu composé de murs en pierre sèche, de dolmens et de caselles (des abris en pierre pour brebis).

Philippe Andlauer, directeur du parc naturel régional des Causses du Quercy, opposé au projet, fait valoir un autre argument : « Cette zone a une valeur environnementale : c’est un réservoir de la biodiversité. Lézards ocellés, coléoptères et chauves-souris vont en pâtir, s’inquiète-t-il. Or, nous aurions pu imaginer un autre projet, coconstruit avec les habitants et basé sur l’isolation des bâtiments existants et l’installation de panneaux solaires sur des terrains déjà artificialisés et sur des toitures. »

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lien source : TotalEnergies veut construire un parc solaire de 44 300 panneaux dans un village du Lot, les habitants inquiets