Une capture d’écran issue de la vidéo de surveillance du salon de coiffure où William M. a été arrêté après son attaque meurtrière du centre culturel kurde Ahmet-Kaya, rue d’Enghien, à Paris, le 23 décembre 2022. Une capture d’écran issue de la vidéo de surveillance du salon de coiffure où William M. a été arrêté après son attaque meurtrière du centre culturel kurde Ahmet-Kaya, rue d’Enghien, à Paris, le 23 décembre 2022.

Un an avant la tuerie de la rue d’Enghien, William M. avait déjà commis une grave agression contre des personnes d’origine étrangères à Paris. Mis en examen pour ces faits, il avait été placé en détention provisoire. Il a été remis en liberté conditionnelle le 12 décembre, au terme du délai légal d’un an de détention provisoire pour les faits visés. Sa libération avait été assortie d’un contrôle judiciaire lui interdisant de détenir des armes et l’obligeant à des soins psychiatriques.

Le 8 décembre 2021, William M. s’était approché, tôt le matin, d’un campement de migrants au parc de Bercy, dans le 12e arrondissement, en se faisant passer pour un joggeur. Il avait ensuite dégainé un sabre en hurlant : « Mort aux migrants » et commencé à tailler en pièces les tentes dans lesquelles dormaient des familles. Il s’attaquait à un homme en train d’uriner, le blessant au dos et à la hanche. Puis il tailladait un mineur, avant d’être ceinturé et mis hors d’état de nuire par trois autres occupants du campement qui s’étaient servis d’une branche d’arbre pour le frapper. William M. a été légèrement blessé dans la bagarre.

La police, appelée sur les lieux, avait interpellé toutes les personnes impliquées dans les violences, y compris les victimes. Plus étonnant encore, quatre des cinq personnes agressées, sauf le mineur, avaient été placées en garde à vue pendant quarante-huit heures. « Après leur garde à vue, elles nous ont dit n’avoir reçu aucun soin ni avoir eu accès à un traducteur. Apparemment, on ne les a même pas vraiment interrogées », témoigne Cloé Chastel, l’ancienne responsable de l’accueil de jour de l’association Aurore, qui intervenait sur le campement.

Victimes en garde à vue, OQTF, amendes…

Pendant que la police demande de recueillir des témoignages de l’agression aux résidents du campement, elle omet d’interroger les gardés à vue et, au contraire, transmet un dossier au parquet, qui décide de les déférer devant un juge d’instruction pour « violences en bande organisée ». Grâce au travail des avocats commis d’office et à la réactivité des associations, le juge comprend un peu mieux la situation et décide de relâcher les victimes, qui sont toutefois placées sous le statut de témoins assistés.

Ce n’est pas tout : lors de la garde à vue, les policiers, constatant que l’une des personnes agressées, un ressortissant marocain, ne disposait d’aucun titre de séjour, ils ont alerté la préfecture, qui a délivré à son encontre une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Le document précisait même que l’intéressé s’était livré à des « violences volontaires avec arme et en réunion », alors qu’il se défendait avec un branchage face à un homme cherchant à le tuer avec un sabre. L’OQTF refusait au mis en cause tout « délai de départ volontaire ».

Il vous reste 57.42% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

lien source : Un an avant la tuerie du centre culturel kurde à Paris, le traitement douteux d’une affaire impliquant le suspect