Des bénévoles distribuent de la nourriture à des étudiants précaires, à Paris, le 9 mars 2021. Des bénévoles distribuent de la nourriture à des étudiants précaires, à Paris, le 9 mars 2021.

Le calcul est vite fait. Etudiant marocain venu en France pour suivre un master en marketing des services, Saifeddine Benalla touche une indemnité de 550 euros pour son stage commencé en septembre 2020. Le loyer de son appartement à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) lui en coûte 600 : le jeune homme commence donc le mois avec un déficit de 50 euros. Il puise dans ses économies pour pallier le manque mais, au fil des semaines, son bas de laine s’épuise. Il sent que, « même s’[il] gère bien [s]on argent, le seuil de sécurité est atteint. Et quand on franchit la ligne rouge, il faut agir ». L’étudiant commence alors à se renseigner sur les aides alimentaires et, « par le bouche-à-oreille », entend parler de StudHelp : il suffit de s’inscrire sur le site Internet de l’association pour être mis en relation avec des donateurs à côté de chez soi qui se chargent de remplir un panier de courses.

Florian Rippert a eu l’idée de StudHelp pendant la crise sanitaire. A l’époque responsable communication et marketing à la Sports Management School de Paris, le jeune homme de 29 ans est frappé par ces reportages montrant des foules d’étudiants faire la queue lors de distributions de nourriture. « Je mène une rapide enquête auprès des étudiants de mon école et d’autres établissements, se remémore Florian Rippert. Je me rends alors compte que le problème principal, pour certains d’entre eux, c’est que leur reste à vivre, une fois le loyer payé, n’est que de 30 à 50 euros par mois. » Et que la précarité touche des profils très divers.

Florian Rippert évoque ainsi le cas de cette jeune fille, en alternance, « dont les parents avaient de bons postes » mais avec qui elle était brouillée. « Etant donné les revenus de sa famille, elle ne pouvait bénéficier ni d’une bourse, ni des APL. Les paramètres des ordinateurs qui gèrent les aides sociales ne peuvent pas prendre en compte tous les problèmes rencontrés par les étudiants. » Dans un premier temps, Florian Rippert partage sur les réseaux sociaux les initiatives solidaires dont il a connaissance, tels les repas à prix réduits proposés par les restaurateurs. Mais il est rapidement interpellé par ses proches et ses collègues : « C’est cool ce que tu partages, mais concrètement, nous, comment on peut aider ? »

Avec ses deux amis d’enfance – Elias Hemmaoui, coordinateur logistique, et Anas Ezouhri, développeur –, il se met à cogiter. « Notre force, c’étaient nos profils très complémentaires », avance-t-il. Emerge ainsi l’idée d’un site Web qui mettrait en lien des étudiants dans le besoin avec des donateurs qui leur achètent des vivres. « Quand on fait un don à une association, on n’a pas forcément de retour. Ici, les gens se rencontrent », souligne Florian Rippert. Les premières mises en relation débutent en février 2021. Aujourd’hui, l’association compte 3 650 donateurs et 4 250 jeunes inscrits. Parmi ces derniers, 52 % suivent des études à l’université. Et ils sont 54 % à résider en Ile-de-France, selon les statistiques de StudHelp.

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lien source : Un panier de courses, mais surtout une rencontre : le site qui met en relation donateurs et étudiants précaires